Dafroza Gauthier : un sentiment de gâchis monstrueux…

Dafroza Gauthier : un sentiment de gâchis monstrueux…





«JE combats pour ne pas mourir. Lutter, c’est vivre. » Devant les cartons qui contiennent les innombrables témoignages sur le génocide de la communauté Tutsi, Dafroza Gauthier tient un des dossiers sur lesquels, inlassablement, elle et son mari Alain, travaillent, consignant l’inimaginable. Scolarisée -une exception : « Les Tutsis n’avaient pas accès à l’école »- elle apprend très tôt le français. Sa jeunesse s’écoule dans une période troublée : Il y avait déjà des tueries « on brûlait les maisons des Tutsis, on tuait les pères et les jeunes garçons ». Son père est tué lors d’un premier « pogrom » en 1963. Ils vivent dans un harcèlement perpétuel : « Occupez-vous de vos études et pas du reste » disait leur mère. En 1973, Dafroza part se réfugier au Burundi : « On a marché jour et nuit, à travers des marais, avant d’atteindre la frontière, certains sont morts ». Elle rejoint, son frère, en Belgique, et suit des études de chimie à l’Université. Elle épouse Alain Gauthier et le couple s’installe à Reims en 1980. Au Rwanda, une rébellion éclate en 90 : la France apporte une aide militaire. En 1994, Dafroza se rend à Kigali dans une ambiance d’extrême violence : « Les miliciens au maximum de leur délire commençaient les massacres ». Elle rentre d’urgence à Reims. Son mari écrit une lettre au président Mitterrand, l’implorant de faire quelque chose… elle reste sans réponse.
Une quête de vérité
Le génocide a lieu, un million de Tutsis sont massacrés : « Notre passé est balayé en l’espace de trois mois. Ma mère est tuée, toute ma famille décimée ». En 2001, Dafroza et son mari assistent, à Bruxelles, au procès de quatre génocidaires de Butaré. A la sortie, ils se disent que le moment est venu : avec des amis, ils fondent le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR). Sans relâche, ils tentent de localiser les tueurs « les gros calibres ». Se rendent sur le terrain au Rwanda, recueillent des témoignages. « Ils sont en langue Kinyarwanda. Je les traduis en français, les remets à nos avocats parisiens, qui nous assistent pour les plaintes. » Pour le moment, sur 16 dossiers, aucun procès. Une petite victoire : ils ont réussi à faire extrader un génocidaire, recherché par le Tribunal pénal international pour le Rwanda d’Arusha en Tanzanie. Révoltée par « ce gâchis monstrueux », Dafroza continue sa quête de vérité et de justice « pour la mémoire des victimes, écrasées comme des mouches, dépecées comme des bestiaux »…

 

http://www.lunion.presse.fr/article/faits-divers/ces-remoises-en-resistance-dafroza-gauthier-traque-les-genocidaires-du-rwanda

Posté par rwandaises.com