Premier film de fiction du documentariste Jean-Christophe Klotz, Lignes de front (qui sort mercredi prochain) revient sur le génocide rwandais du printemps 1994. Faisant écho à son propre reportage Rwanda : la vie en sursis, diffusé sur France 2 en mai 1994, et à son documentaire Kigali, des images contre un massacre (2006), le réalisateur suit les pas d’Antoine Rives (Jalil Lespert), journaliste français qui part au Rwanda pour filmer Clément (Cyril Gueï, vu l’an passé dans L’Autre), étudiant rwandais d’origine hutue, dont la fiancée tutsie a disparu. Pour Antoine, c’est le début d’une traversée de l’horreur…

Basé sur l’expérience traumatisante de Jean-Christophe Klotz, Lignes de front traite de l’impuissance du témoin face au génocide et de l’incapacité des médias à susciter une indignation capable d’entraîner une action politique. Le sujet est ambitieux et le film décrit bien l’atmosphère de chaos et d’abomination qui ont caractérisé ce massacre de masse. Evitant la surenchère, la mise en scène rend habilement compte de la proximité spatiale et temporelle du génocide rwandais.

Pourtant, l’approche cinématographique manque de force et d’acuité. Lignes de front se contente ainsi de dérouler sagement des situations prévisibles, à l’image de l’évolution du personnage d’Antoine, passant au fil du récit de la naïveté la plus absolue à l’indignation la plus farouche.
De même, la responsabilité écrasante de la France dans le génocide est évoquée, mais l’analyse reste parcellaire, le film restant rivé au point de vue d’Antoine.

Au final, Lignes de front a le mérite de revenir sans emphase sur une des pages les plus tragiques de l’Histoire récente, affirmant coûte que coûte sa croyance dans les pouvoirs de l’image.

 

 

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Posté par rwandaises.com