Trois pays des Grands Lacs se préparent à aller aux élections dans les tout prochains mois. Il s’agit du Burundi, du Rwanda et de la République démocratique du Congo. Ce vent électoral qui souffle déjà dans la région risque de soulever certaines vieilles passions et de réveiller les vieux démons. Preuves à l’appui : des attentats à la grenade à Kigali, situation explosive au Burundi, campagne électorale précoce an République démocratique du Congo.

Le 19 février, trois grenades explosaient simultanément à Kigali, faisant deux morts et quelques blessés. Le 4 mars courant, deuxième explosion de grenade occasionnant des blessés : 16.

Si ces attentats n’ont pas été revendiqués et se sont produits à quelques jours de l’arrivée et après le départ du président français Nicolas Sarkozy, les autorités de Kigali n’ont pas mis longtemps pour pointer du doigt certaines cibles. Il s’agit particulièrement des rebelles rwandais, FDLR, dans le premier cas, des officiers militaires tutsi, dans le second.

Mais la police sera plus explicite dans le deuxième cas, accusant le Général Faustin Kayumba Nyamwasa et le Colonel Patrick Karegeya. Le premier est un ancien chef d’Etat major de l’armée rwandaise et ancien ambassadeur du Rwanda en Inde. Il vit en exil et serait installé en Afrique du Sud.

Le deuxième officier qui a quitté discrètement Kigali, il y a de cela quelques semaines, vivrait également en exil en Afrique du Sud, est un ancien responsable des Renseignements extérieurs. Ils sont tous les deux accusés de fomenter un coup d’Etat dirigé contre le régime de Kigali. D’ailleurs, à ce sujet, le président Kagame a été catégorique, affirmant qu’il y aura jamais de coup d’Etat au Rwanda.

En dehors de ces officiers, un ancien journaliste rwandais vient d’être arrêté au Burundi et remis entre les mains de la police rwandaise. Il s’agit de Déo Mushayidi, accusé « d’actes de terrorisme ».

Le président rwandais qui séjourne à Londres où il assiste personnellement à l’admission officielle du Rwanda au sein du Commonwealth, a promis de saisir officiellement les Etats de la région. Car, à en croire des informations en provenance de Kigali, toutes ces personnes soupçonnées et arrêtée auraient séjourné dans certains Etats de la région. On suppose qu’il s’agit du Burundi, de l’Ouganda et de la République démocratique du Congo.

L’OMBRE DES ELECTIONS

Pourquoi subitement ce regain de violence, d’insécurité alors que la région des Grands Lacs est en train de recouvrer lentement mais sûrement la paix et la sécurité. Et qu’en plus, l’on assiste à une série d’initiatives de projets de développement pour permettre aux pays des Grands Lacs de se reconstruire.

Allusion faite à la relance de la CEPGL, à l’évaluation des projets intégrateurs dans le cadre de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, et enfin à la redynamisation de la Communauté des pays de l’Afrique de l’Est. Toutes ces initiatives ne visant qu’à consolider les acquis de la paix et de la sécurité.

Les analyses sont formelles. Le vent électoral souffle sur la région des Grands Lacs et est susceptible de réveiller les vœux démons si l’on y prend garde, et se transformer en « vent de sable ». Tenez.

Le Burundi organise le 21 mai des élections communales. 117 communes ont concernées. Le 28 juin, il s’agira de l’élection présidentielle, les législatives sont prévues le 22 juillet tandis que les sénatoriales le 28 juillet. Une grande année politique pour le Burundi. Le pays est déjà en effervescence et l’apparition des « Intakangwa » (Ceux que rien n’effraie), la milice des partis politiques suscite déjà de nombreuses tensions. Si le FDD-CNDD, le parti au pouvoir s’apprête à conserver le pouvoir ; l’opposition, avec le FRODEBU en tête, tient à provoquer et à obtenir l’alternance. Ce regain de tension, fait peur et craindre le pire.

Au Rwanda, la présidentielle est prévue en août 2010. Le président Paul Kagame qui est sûr d’être réélu assiste toutefois à un regroupement de l’Opposition. Aussi, les attentats de ces derniers jours à Kigali ne seraient-ils pas du tout étranges à cette ambiance électorale, créant ainsi la psychose de la peur au sein de la population, quand bien même le pouvoir à Kigali l’inviterait à vaguer calmement à ses occupations et que les fauteurs de troubles seraient purement et simplement neutralisés.

PSYCHOSE DANS LA REGION

Ce vent électoral ne peut que susciter de l’inquiétude dans la région. Car, si la RDC n’organisera pas les élections en 2010, le rendez-vous est pris pour 2011. Or, tout débordement au Rwanda ou au Burundi aura des répercussions incontestables en RDC.

Or, ces différents événements de violence resurgissent au moment où la MONUC se prépare à plier bagage. Mais entre-temps ; les FDLR et la LRA sont très actifs en plus qu’il existe encore des éléments résiduels des FLN du Burundi qui se baladent le long des frontières communes.

Devant cette situation imprévisible, il est utile de prendre des mesures qui s’imposent. La première consiste à réactiver le processus Tripartite Plus 1, ensuite la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs en s’appuyant sur le Pacte de stabilité, de sécurité et de développement de la région des Grands Lacs.

Aussi, la proposition de l’International Crisis Group, ICG, qui s’est déjà penchée sur la situation, est à examiner en toute sérénité. Cette organisation de prévention des conflits suggère que soit mise sur pied une «Force régionale » pour soutenir les mesures de sécurité. Surtout que la méfiance des officiers subalternes au Burundi, face à cette méfiance à l’endroit des officiers supérieurs est à prendre au sérieux. « Si nos revendications ne sont pas prises au sérieux, nous allons incendier les bureaux de vote ».

C’est tout dire. Ce vent électoral qui souffle déjà sur la région des Grands Lacs pourrait se transformer en « vent de sable » avant de soulever la « tempête et l’orage » dans les Grands Lacs.
Par Le Potentiel

 

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Posté par rwandaises.com