Victoire Ingaribe, la présidente des Forces démocratiques unifiées, la principale figure de l’opposition à Kagame, vient d’être jetée en prison alors qu’elle entrait en campagne électorale. Un déni de démocratie qui jette une lumière crue sur l’opération de réconciliation avec le régime organisée par Bernard Kouchner et approuvée, depuis peu, par Nicolas Sarkozy.
Au demeurant le tour de vis s’étend au-delà de la seule Victoire Ingaribe puisque plusieurs militaires de haut-rang ont été récemment arrêtés ou forcés de s’exiler. La presse indépendante, elle, est soumise à une censure étroite jusqu’à la fin de la période électorale. Autant de signes inquiétants qui n’ont pourtant pas découragé Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner de hâter la normalisation de leurs rapports avec Kagamé. Au nom bien sûr de l’impérieuse obligation faite à la France de retrouver son influence dans la région des Grands Lacs.
A leur décharge de nombreuses ONG poussent en ce sens, persuadées qu’en dépend le sort des populations civiles de l’Est du Congo, victimes de tous les groupes et sous groupes paramilitaires manipulés par le président rwandais ou par les rebelles hutus. Il faudrait ainsi tout passer à Kagamé et écrire l’Histoire sous sa dictée pour préparer des lendemains pacifiées. On a le droit d’y croire ou de faire semblant. Kagamé sera peut-être au prochain sommet franco-africain de Nice. Est-ce vraiment une victoire?