Silence et consignes incompréhensibles, choc face à l’horreur du génocide : un ancien gendarme français raconte pourquoi il a désobéi en 1994 au Rwanda, dans un témoignage suscitant de nouvelles interrogations sur le rôle de la France, à paraître jeudi dans la revue XXI. L’adjudant-chef Thierry Prungnaud a été envoyé en juin 1994 au Rwanda dans le cadre de l’opération militaro-humanitaire Turquoise lancée par l’armée française trois mois après le début du génocide, qui a fait plus de 800 000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsie.
A la revue, qui consacre un dossier à l’« histoire à vif » de « la France au Rwanda », le gendarme explique qu’il connaît déjà ce petit pays d’Afrique centrale pour être venu en 1992 y former la garde du président hutu Juvénal Habyarimana, dont l’assassinat le 6 avril 1994 fut le déclencheur du génocide. Il ne lance jamais d’accusation, s’en tient aux événements qu’il a vécus, mais ce long témoignage interroge sur l’attitude de l’armée française, qui pourrait, selon lui, avoir formé des tueurs, aurait trop longtemps détourné les yeux des massacres et ensuite refusé de rendre compte. Or ces questions empoisonnent depuis seize ans les relations entre Paris et Kigali.
Posté par rwandaises.com