(Syfia Grands Lacs/Rwanda) Le gouvernement rwandais prévoit une école maternelle, qui prépare bien les enfants au primaire, dans chaque entité administrative de base. Mais comme il ne les finance pas, elles sont à la charge des parents. Seuls ceux qui en ont des moyens peuvent y envoyer leurs enfants.

À Sovu, dans l’est du Rwanda, les gamins de trois à six ans se bousculent chaque matin dans un vieux bâtiment où ils sont assis sur des chaises apportées de chez eux ou sur des pierres. Ces élèves dits « de gardienne » s’appliquent à reproduire des images dessinées par leur maîtresse sur un morceau de tableau noir. Ici, comme ailleurs dans le pays, les élèves des écoles maternelles ne suivent aucun programme précis et les enseignants n’ont ni matériel didactique ni salaire. « Pour l’éducation maternelle, on n’a pas de programme commun au niveau national. Chacun enseigne ce qu’il veut pour occuper les enfants », note un enseignant de Rwamagana.
Pourtant, cette formation préscolaire devient de plus en plus nécessaire pour intégrer l’école primaire, car elle y prépare bien les enfants. Parents et enseignants conviennent que ceux qui ont été à l’école maternelle réussissent mieux au primaire. En effet, « à la gardienne, les enfants apprennent l’hygiène, des récitations, des chansons, les salutations… Ils ont déjà des notions de langue ou de calcul, contrairement à ceux qui entrent directement en 1re année primaire », ajoute cet enseignant de Rwamagana. C’est pourquoi, par exemple, pour envoyer, comme d’autres, leurs enfants à l’école maternelle, les villageois du secteur Shingiro, district de Musanze au Nord, payent 100 Frw (0,20 $) chaque mois. « Mais bon nombre d’enfants vont à l’école le ventre vide sans aucune provision. Certains petits parcourent plus de 3 km pour s’y rendre. Ils abandonnent l’école en masse », témoigne un villageois du lieu. Dans cette région, ces gamins passent la matinée sur des amakoro, des laves dures comme des pierres, dans la poussière, à suivre des enseignants non motivés. « Puisque les enseignants n’ont pas de salaires, ils font ce qu’ils veulent », note-t-il.

Des écoles de riches
Aujourd’hui, l’école maternelle d’État n’existe pas au Rwanda. La politique nationale en prévoit une tenue par des parents dans chaque cellule, entité administrative de base. Mais l’Etat n’intervient qu’au niveau du primaire et du secondaire où l’éducation est gratuite jusqu’en 3e.
Même si ces « écoles de gardienne » sont de plus en plus nombreuses, elles restent donc à la charge du secteur privé. Les parents doivent se débrouiller pour les faire vivre. Leurs contributions servent à financer l’entretien des salles et à payer les maîtres qui s’occupent des petits au quotidien, mais tout le monde ne peut pas payer. Et ces écoles sont souvent réservées à des privilégiés qui en ont les moyens. Pour mettre son enfant à la « gardienne » dans de bonnes conditions, il faut débourser de 5 000 à 45 000 Frw (10 à 90 $) par trimestre, un montant inaccessible à la grande majorité des familles.
La sonnette d’alarme a été tirée par les parents surtout ceux des zones rurales très pauvres. Une Ong internationale, Action-Aid Rwanda, vient à son tour de lancer une campagne pour une forte mobilisation du budget en faveur de l’éducation maternelle. Pour Joel Nsengiyumva, responsable du programme d’éducation de cette organisation, « elle ne doit par rester à la charge des parents seulement, alors que dans les villages la pauvreté fait rage ». Pour lui, « il faut investir dans la formation des enseignants aux méthodes spécifiques de l’école maternelle, dans la construction d’infrastructures appropriées, le développement du matériel didactique, etc. C’est cela qui contribuera à atteindre des objectifs de développement du millénaire en 2015 ».
20-05-2010
par Emmanuel Habiyakare

 

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Posté par rwandaises.com