Sept pays d’Afrique de l’Est se réunissent vendredi à Entebbe (Ouganda) pour signer un nouvel accord sur le partage des eaux du Nil, malgré l’opposition de l’Egypte et du Soudan qui rejettent ce projet au nom de leurs « droits historiques » sur le fleuve.

« Nous allons lancer la signature (de l’accord) », a indiqué la ministre ougandaise de l’Eau, Jennifer Namuyangu Byakatonda.

L’Ethiopie, la Tanzanie, l’Ouganda, le Kenya, la RDCongo, le Rwanda et le Burundi doivent parapher ce nouveau traité, qui assurerait un partage plus équitable des eaux du plus grand fleuve d’Afrique, selon ces signataires.

« Les pays qui estiment ne pas pouvoir le signer maintenant, mais qui seront prêts à le faire plus tard, auront un délai d’un an », a expliqué Mme Byakatonda, en référence à l’Egypte et au Soudan, pourtant les deux principaux consommateurs des eaux du Nil.

Long de près de 6.700 km, le Nil est issu de la rencontre du Nil Blanc, qui prend sa source au lac Victoria (Ouganda, Kenya, Tanzanie), et du Nil bleu, dont l’origine est le lac Tana, en Ethiopie.

Les deux fleuves se rejoignent à Khartoum, capitale du Soudan, puis traverse toute l’Egypte pour se jeter en un immense delta dans la Méditerranée.

Egypte et Soudan ont longtemps eu la main sur cette immense ressource : le traité actuel de partage des eaux, élaboré en 1929 par le colonisateur britannique, puis amendé 30 ans plus tard, attribue des quotas très favorables à l’Egypte (55,5 milliards de m3) et au Soudan (18,5 mds), soit au total 87% du débit du fleuve.

Il octroie en outre au Caire un droit de veto sur tous les travaux susceptibles d’affecter le débit du fleuve.

L’Ethiopie, la Tanzanie, l’Ouganda, le Kenya et la RDC contestent cette répartition, sur fond d’enjeux stratégiques et rivalités géopolitiques.

Menées péniblement depuis dix ans, les négociations entre les neufs pays du bassin du Nil ont finalement abouti à la mi-avril à un projet d’accord, immédiatement rejeté par l’Egypte.

Le Caire et Khartoum craignent que leur approvisionnement en eau ne soit drastiquement réduit avec le nouvel accord cadre, qui prévoit de nombreux projets d’irrigations et de barrages hydro-électriques dans les pays en amont du fleuve.

« Le débit du fleuve ne sera pas affecté » par les futurs canaux d’irrigation, assure un expert participant à la réunion de vendredi. En revanche, « la construction de barrages est un clair point de contentieux, cela peut réduire sévèrement le volume » du fleuve, reconnaît ce spécialiste, sous couvert d’anonymat.

L’Egypte (dont l’essentiel des ressources en eaux provient du Nil) refuse toute atteinte à ce qu’elle considère comme « ses droits historiques » sur les eaux du Nil.

Le Caire estime que les pays d’Afrique centrale bénéficient de pluies abondantes, dont une grande partie inutilisée, pourrait être mieux exploitée.

L’Egypte favorise toujours les négociations pour parvenir à un accord, selon son chef de la diplomatie, Ahmad Aboul Gheit.

Mais « au cas où certains pays signeraient un accord qui ne fait l’objet de consensus, nous insisterons sur le respect de la loi internationale », a-t-il souligné.

« Les négociations sont terminées, les termes (du projet d’accord actuel) ne seront pas changés », prévient la ministre ougandaise, qui déplore la volonté de l’Egypte et du Soudan de maintenir le statu quo.

Mais l’Egypte et le Soudan « auront la preuve de notre honnêteté et de notre sérieux », promet Mme Byakatonda. « Nous gardons en tête que nous ne devons pas heurter » ces deux pays. « Le Nil est leur vie ».


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Posté par rwandanews.be