PARIS — Les arrestations visant des Rwandais soupçonnés d’être impliqués dans le génocide de 1994 se multiplient en France, la dernière en date concernant un notable rwandais arrêté jeudi à Mayotte, à la grande satisfaction de Kigali, marquant un net réchauffement des relations avec Paris.
Octavien Ngenzi, un ancien notable rwandais suspecté d’avoir participé au massacre de centaines de Tutsis en 1994, a été arrêté jeudi à Mayotte, île française de l’océan indien, a-t-on appris de source judiciaire à Paris.
Une information judiciaire le visant nommément pour « crimes contre l’humanité », dont « participation à un génocide », a été ouverte récemment contre lui.
Né en 1954, Octavien Ngenzi est un ancien maire de la commune rwandaise de Kabarondo (Est). Il a fait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par Kigali en avril 2009.
La justice rwandaise le suspecte d’avoir lui-même dirigé et ordonné plusieurs massacres dans sa province de Kibungo, dont celui perpétré par les milices hutues dans l’église de Kabarondo, où près d’un millier de Tutsis ont trouvé la mort en avril 1994.
Un autre génocidaire présumé, Pascal Simbikangwa, ancien chef des renseignements militaires de la présidence rwandaise, arrêté à Mayotte en octobre 2008, est actuellement incarcéré en région parisienne, où sont centralisées la quinzaine d’affaires liées au génocide rwandais.
Mayotte, île française située dans l’archipel des Comores, compte une importante communauté rwandaise.
Plusieurs autres affaires concernant des Rwandais soupçonnés d’être impliqués dans le génocide de 1994 sont en cours en France et des décisions judiciaires importantes sont attendues dans les prochains jours: le 9 juin pour la demande d’extradition d’un médecin rwandais, Eugène Rwamucyo, arrêté dans le nord de la France le 26 mai; le 15 juin, concernant la demande d’extradition de Sosthène Munyemana, un autre médecin rwandais arrêté dans le sud-ouest et qui a comparu jeudi à Bordeaux.
La justice française, qui a récemment statué à trois reprises sur des demandes d’extradition de Rwandais soupçonnés par Kigali d’avoir pris part au génocide, s’y est à chaque fois opposée, arguant d’un manque de garanties accordées à la défense devant la justice rwandaise.
Les prochaines décisions de justice seront donc significatives, alors que les relations entre la France et le Rwanda ont évolué depuis plusieurs mois en direction d’une « réconciliation durable », selon les mots du secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet.
La normalisation des relations entre la France et le Rwanda avait été scellée par la visite en février à Kigali du président français Nicolas Sarkozy, après trois ans de rupture des relations diplomatiques consécutives à l’émission de mandats français contre des proches de Paul Kagame, dans le cadre d’une enquête française sur l’assassinat du président hutu Juvénal Habyarimana, considéré comme un déclencheur du génocide.
Environ 800.000 Tutsi et Hutu modérés ont été tués, selon l’ONU, entre avril et juillet 1994 au cours du génocide rwandais.
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Posté par rwandaises.com