rwandaAlors qu’elles devaient être entendues en juin 2011 par l’unique juge d’instruction du Tribunal aux armées de Paris (TAP), trois femmes rwandaises vont revenir en France les 6, 7 et 8 décembre prochain pour livrer à la justice leur version des faits. Avant l’été, nous avions pu rencontrer ces femmes Tutsi lors de leur passage en France. Elles nous avaient alors longuement raconté le calvaire vécu au moment de l’opération Turquoise (juin-août 1994) : Diane, Olive et Françoise disent avoir été violées à plusieurs reprises par des militaires français censés les protéger lors de cette opération militaro-humanitaire qui, normalement, devait mettre fin au génocide.Des témoignages particulièrement circonstanciés et précis, mettant en cause plusieurs unités françaises engagées dans Turquoise.

En avril 2011, après bien des tergiversations, le TAP avait finalement décidé d’ouvrir une information judiciaire sur la base d’une plainte contre X pour « crimes contre l’humanité » et « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime contre l’humanité ». Cette procédure a pris quelques mois de retard lorsque le juge Frédéric Digne s’est rompu le talon d’achille, la veille de l’audition des trois Rwandaises. Or, le TAP doit officiellement fermer ses portes le 31 décembre 2011, date à laquelle le tribunal militaire rejoindra le giron de la justice pénale classique. Le dossier devrait alors changer de main judiciaire.

Enfin, cette affaire inquiète sérieusement l’ancienne hiérarchie militaire de Turquoise qui pourrait avoir à répondre de ces accusations. Plusieurs anciens officiers les ont formellement démenties, notamment dans le cadre d’une enquête du magazine Causette publiée en octobre. Enquête qui fait état de nouveaux témoignages, à la fois de victimes rwandaises qui affirment elles aussi avoir subies des viols. Mais aussi de récits d’anciens soldats confirmant ces soupçons. Certains journalistes de Causette ont d’ailleurs été menacés, leur boite mail piraté. Les serveurs de l’imprimeur du mensuel ont également fait l’objet d’un piratage en règle. La direction du magazine a déposé plainte.

(Photo : Un soldat français au Rwanda en août 1994-REUTERS/Corinne Dufka)

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Posté par rwandanews