KIGALI – Le gouvernement rwandais a rejeté dimanche toute implication dans une tentative de meurtre la veille à Johannesburg d’un ancien chef d’Etat-major rwandais, le général Faustin Kayumba Nyamwasa, réfugié depuis mars en Afrique du Sud.

Cet ancien proche du président Paul Kagame, aujourd’hui un critique virulent du président rwandais poursuivi pour « actes terroristes » par Kigali, a été blessé par balle à l’estomac par un inconnu devant son domicile, selon le témoignage de son épouse Rosette Nyamwasa. La police sud-africaine a ouvert une enquête pour tentative de meurtre.

Mme Nyamwasa a indiqué dimanche que son époux, hospitalisé aux soins intensifs dans la clinique privée Morningside, était dans un état stable.

Interrogée par l’AFP, Mme Nyamwasa a accusé le régime du président Kagame d’être derrière ce qu’elle estime être une tentative d’assassinat.

Ces accusations « sont bien sûr ridicules », a réagi la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo interrogée par téléphone par l’AFP. « Nous ne sommes pas un gouvernement, et le président Kagame encore moins, qui ait recours à l’assassinat de ses propres concitoyens ».

« Ce gouvernement n’a rien à voir avec ce genre d’activité », a insisté la ministre, jugeant « très prématuré » à ce stade toute spéculation sur les mobiles de l’agression contre le général Nyamwasa.

Tout en exprimant sa peine à l’égard de la famille du général Nyamwasa, Mme Mushikiwabo a estimé que les accusations de l’épouse de l’ex responsable militaire « étaient une façon de faire en sorte que les autorités (sud-africaines) prennent au sérieux sa demande d’asile ».

L’ex chef d’Etat-major rwandais, et ancien ambassadeur du Rwanda en Inde, avait fui son pays pour l’Afrique du Sud en mars après avoir été accusé par les autorités d’être responsable d’actes terroristes, dont des attaques à la grenade qui avaient fait deux morts le mois précédent à Kigali.

Il a depuis mis en cause le président Kagame en l’accusant de dérive autoritaire et en le soupçonnant de corruption. Au chef de l’Etat rwandais qui le mettait au défi de s’expliquer devant la justice de son pays, le général Nyamwasa avait répondu, dans une tribune publiée le 30 mai par le quotidien ougandais Daily Monitor: « dans une démocratie, les gens s’adressent à la justice pour résoudre un conflit, mais dans une dictature, les gens s’enfuient pour mettre leur vie à l’abri. Si un dirigeant ne sait pas pourquoi ses concitoyens s’enfuient, alors il est incapable de gouverner ».

Outre M. Nyamwasa, les autorités rwandaises recherchent également pour « actes terroristes » un autre ex-responsable clé du régime, le colonel Patrick Karegeya, ancien chef des renseignements extérieurs lui aussi réfugié en Afrique du Sud.

Kigali a par ailleurs annoncé en avril dernier l’arrestation et la suspension de deux importants généraux accusés de « corruption » et de « mauvaise conduite », le général Emmanuel Karenzi Karake et le général Charles Muhire. Tous deux sont également d’anciens membres du cercle très restreint des chefs militaires de haut rang de l’ex guerilla du Front patriotique rwandais (FPR), dirigée par Paul Kagame jusqu’à son arrivée au pouvoir.

Le président Kagame est candidat à sa propre succession lors d’une élection prévue le 9 août au Rwanda.

(©AFP / 20 juin 2010 13h29)






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