Certes, la Nation arc-en-ciel est aussi un haut lieu où la criminalité n’est pas une vue de l’esprit. On recommande d’ailleurs aux étrangers en séjour en Afrique du Sud d’éviter certains quartiers chauds de Jo’burg, dans lesquels des bandes armées ont pignon sur rue. Mais il y a de ces assassinats ou de ces tentatives d’assassinats qu’on peut classer difficilement dans la catégorie de ceux dits « crapuleux ». Sont de ceux-là auquel a échappé le général Faustin Kayumba Nyamwasa du Rwanda.

Samedi 19 juin 2010, alors que la Coupe du monde, une première en terre africaine, battait son plein, alors que de nombreux supporters jubilaient et se délectaient de cette fête planétaire du ballon rond, l’ex-chef d’état-major de l’armée rwandaise était grièvement blessé devant son domicile, au volant de son véhicule.

Cette agression aurait été classée dans le registre des faits divers si la victime n’avait pas fui le courroux des autorités rwandaises quelques mois plus tôt. En effet, depuis mars 2010, celui qui était ambassadeur en Inde (un exil doré pour avoir toujours critiqué le président Kagamé) avait rejoint le pays de Mandela, accusé qu’il est d’être un des cerveaux d’attaques à la grenade à Kigali, qui avaient tué deux personnes. Comme en pareil cas, les premiers responsables du pays des mille collines ont nié être mêlés de près ou de loin à cette histoire.

Cependant, la nature de cette violence sent la politique et n’est pas sans rappeler certains crimes accomplis ou au non pour des questions de sûreté d’Etat. Lorsqu’on remonte le cours du temps, que ce soit par balles ou par poison à effet immédiat, certaines personnes civiles ou militaires ont toujours été « sacrifiées » sur l’autel étatique :
– en octobre 1960, Félix-Roland Moumié, le leader camerounais de l’opposition armée, succombait en Suisse après plusieurs verres ingurgitées en compagnie d’un certain William Bechtel de l’organisation la Main Rouge ;
– plus de 40 ans après sa disparition, le fantôme de Ben Barka, mort dans des circonstances non encore élucidées, remue toujours ses chaînes au Maroc ;
– en 1985, le Burkinabè Valentin Kinda, propriétaire de l’hôtel Hibiscus à Abidjan et, accessoirement, logeur de certains « ennemis » de la Révolution du 4 août 83 tombait sous des balles meurtrières.

Pour en revenir au Rwanda, un constat est actuellement palpable : depuis quelques mois, le calme qui prévalait dans ce pays s’est mué en une paix fourrée : attentats à la grenade, arrestation et jugement de l’opposante Ingabiré, mise aux arrêts de 2 généraux proches de Kagamé, fuite en Afrique du Sud de l’ex-chef d’état-major Kayumba. « La Maison Kagamé serait-elle en train de se craqueler ? », tel était déjà notre interrogation-titre de la grille de lecture du 22 mars 2010.

Rien, absolument rien, n’indique pour le moment que l’Exécutif du Rwandais serait derrière cette mésaventure de l’ancien patron de l’armée rwandaise. Mais vu la position qu’occupait ce haut gradé (proche de Kagamé et membre du FPR), la probabilité qu’il soit au parfum de secrets d’Etat est élevée. A-t-on voulu le faire taire pour cela ? Veut-on sanctionner sa félonie pour l’exemple ? En un mot comme en cent, à qui aurait profité ce crime ? Autant de questions sans réponses pour l’instant.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

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