Si la presse africaine est partagée, elle tombe d’accord sur un point: la France connaît mal l’Afrique.

« Quatre cent militaires du continent prêts à s’aligner sur le pas des soldats français (…) l’idée ne manque pas d’audace. » Le site Afrik.com donne le ton : l’édition 2010 du défilé militaire du 14 juillet sous les couleurs de l’Afrique est l’objet de nombreuses critiques de la part de la presse africaine.

Le quotidien, journal sénégalais, rappelle la controverse et les critiques soulevées par les ONG. Le journal cite l’association Survie, qui a organisé un « bal anti-colonial » le 13 juillet : « L’association écrit sur son trac : ‘D’autres dictateurs et putschistes, responsables pour certains du massacre d’une partie de leur population et du maintien de celle-ci dans la pauvreté, viendront s’assurer du soutien politique, économique et militaire et de leur enrichissement personnel auprès de leur ancienne puissance coloniale' ».

« Un triste jour » que ce 14 juillet 2010

Certains journaux préfèrent voir dans la présence des dirigeants des anciennes colonies françaises un signe de la force des liens entre la France et l’Afrique. Ainsi, Gabon-Matin, édité par l’Agence gabonaise de presse (officielle), titre à sa Une « Le Gabon et l’Afrique honorés à Paris ». Le quotidien estime que l’Afrique « n’a pas intérêt à se cabrer contre ses « maîtres » d’hier. Elle n’a pas non plus intérêt à s’isoler ou à se renfermer sur elle-même à l’ère de la mondialisation ».

Mais les critiques dominent, comme du côté du bimensuel privé Misamu. Ce journal gabonais présente comme « un triste jour » ce « 14 juillet 2010 qui ravive le souvenir de tant d’années de colonisation, de domination, de spoliation, d’humiliation, de chosification ».

Au Burkina Faso, Fasozine va plus loin en affirmant que « Nicolas Sarkozy prouve son incapacité à tourner la page de la France-Afrique dans laquelle il a fini par s’engluer lui aussi ».

Plus que l’invitation de Nicolas Sarkozy, ce sont les commentaires des Français qui font l’unanimité. Jeune Afrique estime qu’ils sont révélateurs d’une méconnaissance de l’Afrique. « Le journaliste TF1 Jean-Claude Narcy, qui commentait le défilé, s’est montré très hésitant au moment de présenter les chefs d’État présents, confondant plusieurs d’entre eux » souligne le site. Il raconte aussi le salut de Nicolas Sarkozy aux anciens combattants africains, devant les caméras de TF1: « ‘Ce ne sont pas les chefs d’État que nous voyons-là’, a cru bon de préciser un commentateur de la chaîne ».

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Posté par rwandaises.com