(Syfia Grands Lacs/Rwanda) Les habitants de Muhanga, au sud du Rwanda, ont été surpris, le mardi 20 juillet, de la venue, sans mobilisation préalable, d’un des candidats à l’élection présidentielle, Jean Damascène Ntawukuriryayo, du Parti social démocrate. Certains étaient même un peu inquiets.
Les uns sont à pied, d’autres dans des voitures, taxis ou grands bus. Sur ces bus, sont affichées des photos de leur candidat Ntawukuriryayo et il est écrit Igihe ni iki (Aujourd’hui ou jamais). Dans la rue, les gens commentent l’événement : « Ntawukuriryayo est le candidat président désigné par le PSD, comme Kagame est désigné par le FPR, ils vont tous passer dans le pays présenter leur programme », explique cette vendeuse d’avocats à son collègue en voyant une camionnette inciter les gens à venir écouter le programme du candidat au stade. Tout d’un coup, des dizaines de voitures traversent les rues, en chantant leur candidat. Ils se rassemblent tous au stade de la ville où se succèdent danses traditionnelles et éloges du candidat devant ses partisans exaltés. « Aujourd’hui ou jamais. C’est le moment. Nous ne sommes pas venus aux élections pour faire semblant. Nous sommes venus gagner », tempête Stanislas Kamanzi, chargé de la mobilisation.
”Je vais faire en sorte que toutes les femmes et tous les hommes soient en nombre égal dans les postes de décideurs (…) D’ici deux ans, je vais faire en sorte que les salaires des enseignants soient doublés… ”, martèle Ntawukuriryayo. Pour autant, il ne critique pas le régime actuel : « Nous ne faisons pas fi de ce qui a été fait pendant les sept ans passés, mais il est temps que nous apportions notre pierre », poursuit-il.
Inquiétudes
Cependant, la venue de ce candidat d’un autre parti que le FPR au pouvoir, en inquiète plus d’un, notamment des propriétaires de taxis dont les véhicules avaient été loués par ses partisans. « Alors que nous leur avions loué leurs minibus, déclare ce militant du PSD au micro de la Radio Salus de l’Université nationale du Rwanda, ils nous ont empêché d’y entrer avec nos insignes du parti et la photo de notre candidat… Pourtant, aucune autorité ni aucune mesure administrative ne l’empêche.”
Dans le district Kamonyi voisin de Muhanga, c’est Alivera Mukabaramba, la candidate du PPC, qui se présente pour la seconde fois aux présidentielles, qui faisait campagne. « Si je suis élue, je vais créer un fond pour les chômeurs”, a-t-elle, entre autres, promis. Au retour, alors qu’elle traversait la ville de Muhanga, des gens ont craché sur les bus qui la suivaient, à l’insu des agents de sécurité et à la grande inquiétude des passants. « Les Rwandais oublient vite. Pourquoi crachent-ils sur ces partisans qui ne leur font rien ? Ils veulent retourner à la situation de 1993 (quand les partisans de camps politiques opposés se battaient dans les meetings et sur les routes, Ndlr). Heureusement pour eux que c’est à l’insu de la police », dit cette femme, ennuyée de voir des gens ne pas respecter ceux qui n’ont pas la même opinion qu’eux.