Les lampions du 30 juin sont éteints, une nouvelle ligne droite est tracée : depuis que l’abbé Malu Malu a annoncé que les élections législatives et présidentielles auraient lieu en novembre 2011 et coûteraient la bagatelle de 712 millions de dollars, la République démocratique du Congo vit à nouveau à l’heure de la politique. Désormais, toutes les formations se mettent en ordre de marche et élaborent des stratégies.
C’est ainsi que le PPRD (parti populaire pour la reconstruction et le progrès) s’est réuni durant plusieurs jours à Kisangani. D’après le quotidien Le Potentiel, l’objectif principal du parti majoritaire serait désormais d’obtenir la réélection du président Kabila au premier tour, sans passer par une stratégie d’alliances. Exit donc le large rassemblement qu’était l’AMP (Alliance pour une majorité présidentielle) qui, en 2006, avait intégré des formations telles que l’ARC (Alliance pour le renouveau du Congo) d’Olivier Kamitatu ou le parti de Mbusa Nyamwisi, très puissant dans le Nord Kivu. De même, puisqu’en principe il ne devrait pas y avoir de second tour, le PPRD ne devrait pas conclure d’accord avec les mobutistes de l’UDEMO, menés par Nsanga Mobutu, devenu vice premier ministre, ni avec le Parti lumumbiste unifié, (Palu) qui en contrepartie avait décroché le poste de Premier Ministre, attribué à Antoine Gizenga puis à Adolphe Muzito.
Rappelons que cette large alliance, dont les termes ont été respectés jusqu’à présent, avait permis au président Kabila de l’emporter au second tour avec 58% des voix contre son adversaire Jean Pierre Bemba. Elle avait aussi permis de combler la nouvelle faille qui menaçait de creuser le paysage politique, à savoir la division entre l’Est du pays, qui avait soutenu Kabila, et l’Ouest, favorable à Bemba.
Les circonstances ont-elles changé au point de ne plus rendre nécessaires la recherche de compromis menant à des alliances? Certes, le parti du président dispose désormais de moyens financiers importants, les succès en matière de reconstruction sont indéniables (mais loin d’être achevés), les bénéfices de l’allègement de la dette pourraient se faire sentir dans le secteur social. Cependant, qui peut dire que le vote massif dont Kabila avait bénéficié dans l’Est du pays lui sera encore acquis en 2011 ? Non seulement les opérations militaires contre les rebelles hutus ne sont pas terminées et l’insécurité persiste, mais une personnalité comme Vital Kamerhe, qui, tambour battant, avait mené campagne en faveur de Kabila, songe à présent à faire cavalier seul.
Les stratèges du parti présidentiel misent également sur la faiblesse de l’opposition. Rappelons qu’en 2006, le challenger de Kabila, Jean-Pierre Bemba, leader du MLC (Mouvement pour la libération du Congo) avait lui aussi réuni autour de son parti une vaste coalition, l’UN (Union pour la nation) fédérant tous les opposants. A l’heure actuelle, malgré l’apparition de l’Union sacrée pour l’alternance (USA), force est de constater que l’opposition ne s’est pas donné de réel leadership depuis la mise à l’écart de Jean-Pierre Bemba, toujours détenu à La Haye et qu’elle n’a pas de porte parole officiel.
D’ici un an cependant, ce vide pourrait être remplacé par un trop plein, surtout si l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) souvent appelée «fille aînée de l’opposition » remettait en piste son inusable leader Etienne Tshisekedi. Mais si l’opposition se présente dans le désordre, on voit mal comment elle pourrait menacer le président sortant.
http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/2010/08/23/a-un-an-des-elections-pas-de-strategie-dalliances/
Posté par rwandaises.com