Les électeurs rwandais se sont rendus nombreux aux urnes lundi pour un scrutin présidentiel qui devrait, sans surprise, reconduire le candidat sortant Paul Kagame.
Devant un bureau de vote, à Kigali. Les électeurs rwandais se sont rendus nombreux aux urnes lundi pour un scrutin présidentiel qui devrait, sans surprise, reconduire le candidat sortant Paul Kagame. (Reuters/Finbarr O’Reilly)
Selon les analystes, ce dernier devrait être réélu en partie grâce au bilan économique avantageux qu’il peut revendiquer, mais aussi en raison des pressions exercées sur ses adversaires politiques et ses détracteurs.
Les ONG de défense des droits de l’homme affirment que la campagne électorale a été entachée de répressions et de violences envers les opposants.
Des difficultés d’enregistrement ont empêché trois partis très critiques de présenter des candidats. Deux chefs de partis ont été arrêtés et accusés d’incitation à la haine ethnique et d’idéologie génocidaire. Des opposants disent avoir fait l’objet de menaces.
Deux journaux ont été suspendus en avril. Un journaliste a été tué d’une balle dans la tête en juin et le corps du vice-président du Parti Vert Démocratique a été retrouvé pratiquement décapité en juillet.
Quant aux trois candidats qui font face à Kagame pour le vote de lundi, ils sont politiquement faibles et proches de son parti, le Front patriotique rwandais (FPR).
Seize ans après le génocide et ses 800.000 morts, le bilan économique de Kagame est flatteur. Bien que privé d’accès maritime et pauvre en ressources naturelles, le Rwanda est aujourd’hui un pays prisé des investisseurs en Afrique.
SOUTENIR LA CROISSANCE
Venu voter à Kiyovu, un faubourg cossu de la capitale, Kigali, Kagame a déclaré que ce n’était pas à lui de créer une opposition et qu’en cas de réélection, il maintiendrait son objectif de soutenir la croissance.
« Nous sommes bien partis et nous voulons attirer davantage d’investissements dans le pays et faire croître nos échanges commerciaux dans la région et au-delà. Je veux consolider cela et poursuivre la croissance« , a dit le chef de l’Etat sortant.
Il a affirmé que la campagne électorale avait été « très démocratique » avec une forte participation aux meetings.
« Je pense que Kagame l’emportera parce qu’il a développé le pays et a apporté la sécurité à l’ensemble du pays« , confiait Floridine Umurenge, une jeune mère tenant d’une main son enfant et de l’autre sa carte électorale.
Kagame est arrivé à la présidence en 2000 mais détenait en fait le pouvoir de facto depuis que ses forces armées ont mis fin au génocide de 1994 pour le porter au sommet de l’Etat.
Le génocide a été en partie causé par la montée d’idéologies ethniques radicales après l’introduction de la démocratie multipartite au Rwanda au début des années 1990.
Selon un observateur électoral du FPR, Justin Inzabimana, les électeurs patientaient lundi matin devant les bureaux de vote bien avant leur ouverture, et le scrutin se déroule dans le calme.
D’autres observateurs ont émis un avis semblable. « Nous avons reçu les rapports de plusieurs équipes en province. Il est encore trop tôt pour dire quoi que ce soit, mais les opérations semblent se dérouler comme prévu« , a indiqué un observateur international, qui n’a pas souhaité être nommé.
Le Rwanda compte 5,2 millions d’électeurs. Les donateurs estiment que la révision du code électoral permettra un scrutin plus transparent qu’en 2003, lorsque Kagame l’avait emporté avec 95% des suffrages.
Le vote s’est clôturé à 15h. Les résultats seront affichés devant les bureaux de vote, et les résultats préliminaires sont attendus mercredi au plus tard.
Gregory Schwartz et Nicole Dupont pour le service français
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Posté par rwandaises.com