L‘ONU a fait réalisé un rapport de 500 pages pour la RDC et de 80 pages pour le génocide des Tutsi au Rwanda – Voilà, à la louche, l’échelle de prise en considération des événements dans les Grands Lacs par l’ONU. La partialité de cette disproportion n’est que l’arbre qui cache la forêt. Qu’on ne nous fasse pas dire ce que nous ne disons pas : il est tout à fait souhaitable que ces enquêtes soient faites.

Il n’y a donc pas eu de rapport d’enquête d’envergure de l’ONU sur les événements du Rwanda, mais uniquement un rapport d’enquête diplomatique sur les rouages internes de l’ONU à propos du génocide. Diplomatique, mais qui pointe quand même au détour d’une phrase ce qu’il nomme «  les gouvernements clefs « 1, ici concernant le Rwanda, mais en fait aussi le Congo (par ordre alphabétique Belgique, Etats-Unis, France). Ce rapport de 80 pages n’analyse pas les événements eux-mêmes comme le fait le rapport-brouillon sur la RDC. Donc ces rapports ne sont pas comparables, car ils n’ont pas du tout la même approche, ni le même objectif. On pourrait dire à contrario que d’une certaine manière le Tribunal Pénal International pour le Rwanda remplace partiellement la lacune de ce rapport d’enquête d’envergure pour le Rwanda.

En ce qui concerne les enquêtes sur le terrain, elles devraient aussi aborder le rôle des grandes puissances et des multinationales, expliquer leurs relais sur le terrain et se prolonger aussi éventuellement au plan judiciaire pour ces acteurs. En tant que citoyens français, nous continuons d’être des citoyens d’un état qui n’assume pas ses actes devant une justice internationale trop lâche. La France est dans une grande mesure la première responsable de la dégradation de la situation de la région à partir de 1990, situation qui était déjà inextricable avec la dictature absurde de Mobutu et l’ethnisme anti-tutsi des républiques qui se voulaient Hutu et interdisaient aux exilés Tutsi de rentrer dans leur pays.

La France est venue soutenir à partir de 1990 le nazisme qui s’auto-nommera « Hutu power » et ce milieu fragile, violent et corrompu à l’extrême s’est complètement effondré, entrainant le Rwanda puis aussitôt le Zaïre [futur RDC] dans un chaos, dont la France  est pourtant totalement absente dans le pré-rapport… On ne la cite que dans les notes, par des organes de presse français et quelques initiatives européennes. C’est tout. Enquête par conséquent extrêmement partiale quand on connait l’implication française dans les grands lacs dans la période qui a précédé cet effondrement, c’est à dire de 1990 à 1994. Faites une expérience : recherchez les mots France et french dans le pré-rapport sur la RDC et vous comprendrez toute sa partialité. Même le mot « Turquoise » de l’opération Turquoise de 1994 ne s’y trouve pas  !!! Cette opération s’est portant déroulée dans la période retenue pour l’enquête et en partie sur le territoire du Zaïre où elle s’est occupé du déplacement massif des génocidaires, de leurs familles et de leurs  otages idéologiques devenus boucliers humains… ensemble futurs victimes soulignées par l’enquête onusienne qui va paraitre.

Ne cherchez pas, il n’y a rien sur « les gouvernements clefs« . C’est dans ce silence que se trouve la vérité.

Dans une interview de Libération du 28 août 2010, Monsieur Guichaoua rappelle justement que le génocide des Tutsi et les excès criminels des poursuites de génocidaires au Zaïre ne sont pas à mettre sur le même plan… mais oublie de préciser que « si le TPIR avait fait son travail« , comme il dit, ce sont des responsables français qui auraient  aussi été jugés au TPIR et pas seulement les responsables Hutu ou, comme il l’aurait souhaité, des responsables du FPR. Ainsi le risque d’impunité serait vraiment levé… ce qu’il dit souhaiter… mais évite dans les faits.

Cette justice internationale est à sens unique. Les pays occidentaux, pourtant impliqués, en sont les manipulateurs de déviance. Cela se retournera un jour contre eux… quand les pays du sud en auront marre de subir passivement cette impunité « des gouvernements clefs« , trafiquants d’armes, voleurs et terroriste en RDC comme au Rwanda, complices des pires crimes de la région et particulièrement actifs dans cette complicité en ce qui concerne la France à tel point qu’on se demande parfois si elle n’est pas co-auteur du génocide des Tutsi quand on scrute les documents.

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Posté par rwandaises.com