KINSHASA — Human Rights Watch (HRW) a demandé mercredi à la RD Congo d’arrêter « d’urgence » l’ex-rebelle Bosco Ntaganda, aujourd’hui général dans l’armée congolaise et « impliqué », en 2010 selon l’ONG, dans des assassinats et arrestations arbitraires de plusieurs de ses opposants.

Depuis début 2010, Ntaganda « a été impliqué » dans au moins huit assassinats, sept arrestations arbitraires et l?enlèvement et la disparition d?au moins une personne, affirme HRW dans un communiqué.

Pour l’ONG, « le gouvernement congolais devrait de toute urgence procéder à l’arrestation » de l’ex-chef d’état-major de la rébellion tutsi congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP).

Début 2009, Ntaganda s’était rallié à Kinshasa après avoir évincé le leader du CNDP, Laurent Nkunda, arrêté peu après par les Rwandais au Rwanda où il est toujours détenu.

« La majorité des personnes prises pour cible par Ntaganda sont des membres de la famille ou d’anciens partisans » de Nkunda », affirme Human Rights Watch, pour qui le « putsch » de l’ex-rebelle a « profondément divisé le mouvement du CNDP ».

Intégré dans l’armée congolaise et basé à Goma (Nord-Kivu, est), le général Ntaganda est officiellement chargé de l’intégration des ex-CNDP dans l’armée. Mais selon des rapports d’ONG et de l’ONU, il serait en fait le numéro 2 des opérations menées par Kinshasa dans l’est depuis mars 2009 contre les rebelles hutus rwandais de Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

Ntaganda « constitue une menace pour les habitants de l’est du Congo et il fait perdre toute crédibilité à la politique du gouvernement congolais de tolérance zéro pour les atteintes aux droits humains », estime Anneke Van Woudenberg, chercheuse à HRW, citée dans le communiqué.

HRW accuse notamment Bosco Ntaganda d’être impliqué dans les assassinats de deux proches de Nkunda: le lieutenant-colonel ex-CNDP Antoine Balibuno, tué par balles le 14 septembre à Goma, et Denis Ntare Semadwinga, retrouvé égorgé le 20 juin à Gisenyi, une ville rwandaise frontalière de Goma.

« Au moins un garde du corps de Ntaganda connu et des individus décrits par des témoins comme des agents de sécurité rwandais », auraient participé à ce dernier crime selon HRW.

Semadwinga, « ancien membre influent du CNDP », écrit l’organisation, « aurait pu aussi être en contact avec le général (Faustin) Kayumba Nyamwasa », ex-chef d’Etat-major de l’armée rwandaise, opposant du président rwandais, Paul Kagame, et exilé en Afrique du sud où il a échappé à une tentative d’assassinat en juin.

Human Rights Watch évoque aussi l’enlèvement fin août à Goma d’un responsable d’un groupement d’ONG dans l’est de la RDC, qui avait dénoncé les agissements des ex-CNDP. Détenu dans un lieu secret, il avait été violenté pendant une semaine puis relâché dans une forêt.

Bosco Ntaganda est déjà visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, délivré en 2006 pour crimes de guerre en 2002-2003 en Ituri (nord-est), quand il était dans la milice congolaise de l’Union des patriotes congolais (UPC).

Mais Kinshasa refuse de l’arrêter, estimant que « la paix et la sécurité (à l’est) passent avant toute chose », selon le président congolais Joseph Kabila.

« Les attaques brutales de Ntaganda contre ses opposants ainsi que son mépris flagrant du droit congolais et des droits humains fondamentaux ne sont en aucune façon un moyen de parvenir à la paix », estime Mme Van Woudenberg.

HRW demande enfin à la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) de suspendre son soutien aux opérations de l’armée congolaise tant que Bosco Ntaganda ne sera pas arrêté.

 

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Posté par rwandaises.com