La rencontre s’est penchée sur de sujets importants comme la reconstruction d’Haïti, la place de l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU, la paix, la sécurité, la bonne gouvernance, les changement climatiques

Plus de 38 chefs d’Etat et de gouvernement étaient présents au XIIIè sommet de la Francophonie qui s’est tenu du 22 au 24 octobre à Montreux en Suisse. Le président de la République, Amadou Toumani Touré, à la tête d’une forte délégation a participé au sommet. Il était arrivé vendredi soir sur les bords du lac Leman, l’une des principales destinations des touristes européens dans la Confédération helvétique.

« Défis et visions pour la Francophonie », tel était le thème central de cette rencontre dont l’ouverture des travaux a été marquée par plusieurs interventions. Celles-ci étaient axées en grande partie sur l’avenir de la Francophonie, la reconstruction d’Haïti, aujourd’hui frappé par une épidémie de choléra après le terrible tremblement de terre qui a secoué ce pays, la place de l’Afrique dans les instances internationales, notamment au Conseil de sécurité des Nations unies, la paix, la sécurité, l’état de la démocratie sur le continent, le développement économique, les changements climatiques. Dans son discours d’ouverture, la présidente de la Confédération helvétique, Mme Doris Leuthard avait souhaité de vrais débats entre les dirigeants de la Francophonie autour des préoccupations comme les changements climatiques, le développement durable, la biodiversité, l’eau. « Je me réjouis du débat qui s’offre à nous. Je le souhaite libéré du carcan des déclarations officielles pour instaurer un vrai dialogue riche d’échanges qui laissera des idées fuser et des solutions s’esquisser », a-t-elle indiqué. Mme Doris Leuthard avait souhaité que la “ Déclaration de Montreux ” qui résultera de ces discussions reflète des engagements concrets des chefs d’Etat et de gouvernement de la Francophonie, en vue de la promotion de la démocratie et de la diversité culturelle et linguistique.

UN TRESOR COMMUN. Le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré et son homologue du Cameroun, Paul Biya ont abordé les défis relatifs à l’avenir de l’organisation francophone. Ces défis ont jutement pour noms, les changements climatiques, la démocratique et la bonne gouvernance dans le cadre de la Déclaration de Bamako (en référence de la conférnce tenue en 2000 sur le bilan des 10 années de l’ouverture démocratique en Afrique). Blaise Compaoré a souligné le poids de l’Afrique dans l’espace francophone en soulignant que le continent représente 50 % de locuteurs de la langue française à travers le monde. Le discours le plus attendu était sans doute celui du président français, Nicolas Sarkozy. Celui-ci estime que le premier capital que chaque être humain reçoit, c’est sa langue. La langue que lui enseignent ses parents, ses professeurs. “ La langue française, c’est notre trésor commun. Mais la langue française n’est pas simplement un outil de travail. Elle véhicule des valeurs, des valeurs qui lui sont propres, des valeurs de l’humanisme, de la liberté, de l’égalité quelle que soit la couleur de sa peau, quelles que soient ses origines-de la fraternité. La langue française est un instrument d’incarnation et elle est un instrument de transmission des valeurs, a-t-il commenté. Le chef de l’Etat français a déclaré que depuis la première réunion des pères fondateurs, à Niamey, il y a 40 ans, la Francophonie n’a cessé d’étendre le champ de son action. “ Aujourd’hui, avec 70 États membres ou observateurs dans notre organisation, nous représentons plus du tiers des membres des Nations unies. Et parfois je me demande si nous sommes conscients de la force que nous représentons ”, a-t-il dit. Concernant la situation politique en Afrique, le président de la République française s’est dit optimiste concernant les élections en Guinée, au Niger, en Côte d’Ivoire, à Madagascar. Parlant de la double présidence du G20 et du G8 de la France, Nicolas Sarkozy dira que son pays proposera d’ouvrir de nouveaux chantiers. Le premier chantier concernera la réforme du système monétaire international. “ Qui aujourd’hui, pourrait se lever pour me dire que l’instabilité des changes ne fait pas peser une lourde menace sur la croissance mondiale ? Est-ce que l’on va continuer à se faire des reproches, à s’envoyer des anathèmes, à dénoncer des attitudes unilatérales alors que nous ne sommes pas capables de définir un système multilatéral ? Nous nous en sortirons tous ensemble ou nous échouerons tous ensemble ”, a-t-il martelé. Le deuxième chantier, a-t-il poursuivi, c’est celui de la volatilité extravagante des prix des matières premières. “ Qui ne se souvient des émeutes de la faim ” à Haïti ou en Afrique quand les prix de certains produits alimentaires ont brutalement explosé en 2008 ? Est-ce qu’on a déjà oublié cela ? Combien faudra-t-il d’émeutes, de guerres, de drames pour que nous comprenions que nous ne pouvons pas laisser faire cela ? », s’est-il interrogé. Le président Sarkozy estime que tous ces maux sont dus à la loi de la spéculation, à la loi du refus de la transparence, à la loi de l’intérêt de quelques-uns. Le troisième chantier de la France, selon Nicolas Sarkozy, c’est de faire progresser la gouvernance mondiale. À ce niveau, il a défendu avec éloquence la présentation de l’Afrique, de l’Amérique du Sud et de certains pays émergents comme l’Inde au Conseil de sécurité permanent des Nations unies. “ Est-il normal qu’il n’y ait aucun membre permanent du Conseil de sécurité émanant de l’Afrique ? Un milliard d’habitants, dans trente ans deux milliards d’habitants, qui n’ont pas de représentation permanente. C’est un scandale ”, a-t-il lancé.

TENIR LES PROMESSES. Le président français a par ailleurs évoqué les financements innovants qui pourraient concerner beaucoup de pays francophones. “ À Copenhague, nous avons apposé notre signature sur un document qui prévoit 100 milliards de dollars à partir de 2020 pour l’Afrique et pour les pays les plus pauvres. Qui va oser dire à l’Afrique que nous serons au rendez-vous de ces sommes colossales en faisant simplement appel à nos budgets qui sont tous, sans exception en déficit ? Si on veut tenir notre parole – et il faut la tenir – à l’endroit de l’Afrique, alors il faut poser la question des financements innovants. Peu importe que ces financements innovants soient une taxe sur les transactions financières, une taxe sur les conteneurs de bateaux, une taxe sur les connexions à l’Internet. Mais qui ne voit que si nous ne donnons pas les moyens aux pays les plus pauvres de construire les fondements de leur croissance, c’est nous, les pays les plus riches, qui serons les premiers à payer la facture en ne maitrisant pas les courants migratoires et en affrontant, avec le changement climatique, de véritables guerres qui seront les guerres de la faim et les guerres de l’eau. ”, a-t-il indiqué. Le secrétaire général de l’OIF, l’ancien président sénégalais, Abdou Diouf, a, lui souligné que le renforcement de la démocratie, la liberté, la solidarité, l’équité sont les valeurs de fondement de la Francophone. “ Ces ambitions pourraient être prises en compte dans la déclaration de Montreux ”, a-t-il dit. Abdoul Diouf a appelé les pays francophones à la solidarité face aux crises économique, alimentaire et économique, aux conflits persistants avec leurs corollaires de victimes. “ La déclaration que vous adoptez ici nous éclairera pour les années à venir. Soyez persuadés que l’Organisation internationale de la Francophonie, l’Agence universitaire de la francophonie, TV5Monde, l’Université Senghor, l’Association internationale des maires francophones continueront à se mobiliser, à innover pour traduire concrètement au quotidien les résolutions qui seront prises à Montreux ”, a-t-il assuré. La Suisse a été saluée pour avoir relevé avec succès le défi de l’organisation de ce XIIIè sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie qui fête cette année son quarantième anniversaire. Le secrétaire général de l’OIF Abdoul Diouf a été réélu pour un troisième mandat de quatre ans. Nous reviendrons en détails sur les conclusions de la conférence dans nos prochaines éditions.

Envoyé spécial

M. KEITA
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Posté par rwandaises.com