Ivoiriennes,
Ivoiriens,
Mes chers compatriotes,
Chers amis de la Côte d’Ivoire.

L’année 2010 s’achève ce soir. Je souhaite à notre pays, la Côte d’Ivoire, de passer de bonnes fêtes de fin d’année. Dans la paix. Je souhaite à chacun et à chacune de vous, une très bonne et heureuse année 2011.
Je pense à tous ceux qui sont tombés au cours des événements de ces derniers jours. Les familles de nos forces de défense et de sécurité, tombées au champ d’honneur. Tous ceux qui ont perdu un être cher dans les violences post-électorales. Les blessés et tous ceux qui ont perdu des biens. Que Dieu donne à chacun le réconfort et le courage d’aller de l’avant.
Pour sa part, l’Etat mettra tout en œuvre pour que les crimes ne restent pas impunis. J’ai décidé la création d’une commission chargée de faire le bilan des violences post-électorales. Elle établira un rapport aussi détaillé que possible sur les violations des droits de l’homme sur l’ensemble du territoire national, avant, pendant et après le scrutin. Cette commission sera composée de femmes et d’hommes de grande compétence et de bonne volonté, Ivoiriens et non Ivoiriens, soucieux avant tout d’établir la vérité des faits.
Nous devons comprendre comment, annoncée comme l’année des élections, l’année de la fin de la crise, 2010 se termine dans la perplexité. Pendant que les Ivoiriens subissent la violence d’une rébellion armée à l’intérieur, ils font l’objet d’une hostilité internationale à l’extérieur, depuis la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010.
Cela est injuste. Nous nous interrogeons sur les raisons de l’attitude de la communauté internationale à notre égard ; une attitude que l’on n’a observée nulle part ailleurs auparavant dans une crise politique interne à un Etat.
Je rappelle que nous avons voulu cette élection. Sincèrement. Nous l’avons voulue pour nous-mêmes. Pour la paix dans notre pays, par la démocratie. Personne ne nous y a contraints. Malgré la guerre, malgré un contexte économique national fragilisé par l’occupation d’une partie du territoire par la rébellion armée, nous avons consenti tous les sacrifices pour réunir les conditions politiques et financières à l’organisation du scrutin.
Au plan politique, nous avons fait tous les compromis imaginables.
– Pour mettre la rébellion en confiance, nous avons accédé à toutes ses exigences contenues, notamment, dans l’Accord de Marcoussis, signé sous l’égide de la France, en 2003 ;
– Afin d’impliquer toute la classe politique dans le processus de paix, après la signature de l’accord de Prétoria en 2005, j’ai pris la décision, en application de l’article 48 de la Constitution, d’autoriser toutes les candidatures à l’élection présidentielle.
– Face aux difficultés d’application des accords précédents, j’ai initié et placé sous la facilitation du président Blaise Compaoré, alors président en exercice de la CEDEAO, le dialogue direct inter-ivoirien. Ce dialogue a débouché sur l’Accord Politique de Ouagadougou. J’ai appliqué tous les points mis à ma charge dans cet accord :
– Le chef de la rébellion armée a été nommé Premier ministre ;
– Les combattants du mouvement rebelle ont obtenu un statut militaire avec tous les avantages correspondant aux différents grades dans l’armée régulière ;
La seule contrepartie attendue de ces mesures était le désarmement de la rébellion. Mais la rébellion n’a pas désarmé. Nous sommes allés aux élections avec des rebelles armés dans les zones Centre, Nord et Ouest du pays.
Au plan financier, l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire restera certainement parmi les plus chères au monde.
Il y a eu d’abord les opérations pré-électorales, c’est-à-dire le recensement des populations, l’enrôlement électoral, l’établissement de la liste électorale, la confection des cartes nationales d’identité et des cartes d’électeurs, la sécurisation du processus, l’acquisition du matériel électoral, etc. Il y a eu ensuite les opérations électorales proprement dites, allant du déploiement du personnel électoral, à la sécurisation du scrutin ; de la confection des supports électoraux à la collecte des résultats.
Ces opérations ont duré trois ans ; de 2007 à 2010. Elles ont coûté 261 milliards. Sur cette somme l’Etat de Côte d’Ivoire a payé 242 milliards, soit 93%.
Nous avons consenti ces sacrifices politiques et financiers, pour rester maîtres de notre destin. C’était le prix à payer pour que personne ne nous impose ses choix de l’extérieur.
Nous n’avons pas organisé cette élection pour satisfaire une attente extérieure à la Côte d’Ivoire. Nous avons organisé cette élection pour choisir librement et en toute souveraineté, celui qui va diriger la Côte d’Ivoire pour les cinq prochaines années.
Le 31 octobre et le 28 novembre 2010, les Ivoiriens se sont exprimés par le vote démocratique. Selon la Constitution et la loi électorale, la Commission électorale indépendante (CEI), organise les élections et en proclame les résultats provisoires. Il revient au Conseil constitutionnel et à lui seul, de proclamer les résultats définitifs de l’élection présidentielle.
Les seuls résultats légaux de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire sont ceux que le Conseil constitutionnel a proclamés. Le seul Président de la République de Côte d’Ivoire, est celui que le Conseil constitutionnel a désigné.
Mes chers compatriotes,
Chers amis de la Côte d’Ivoire ;
L’élection présidentielle est terminée. Le Conseil constitutionnel a proclamé les résultats. Sa décision est irrévocable.
J’observe cependant, comme vous, l’attitude de mon adversaire, qui s’est volontairement retranché à l’hôtel du Golf. J’observe, comme vous, l’attitude de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et de quelques pays puissants du monde. J’observe, comme vous, l’attitude de quelques chefs d’Etat africains proches ou lointains.
Ne nous y trompons pas. Ne nous laissons pas abuser par le prestige des mots. Il s’agit d’une tentative de coup d’Etat menée sous la bannière de la «communauté internationale». Cette action est destinée à installer, par la force s’il le faut, à la tête de ce pays, un homme que les Ivoiriens n’ont pas choisi dans les urnes. Car mon adversaire a été régulièrement battu à l’élection présidentielle du 28 novembre 2010.
Je refuse la politique de la terre brûlée. Nul n’a le droit d’appeler des armées étrangères à envahir son pays. Notre premier devoir envers la patrie, c’est de la défendre contre les attaques extérieures, et non de la livrer à ceux qui veulent la soumettre.
Alors, comme hier en 2002, je suis là où les Ivoiriens m’ont placé par leur vote. Nous n’allons pas céder. Je le répète : Mon adversaire n’a pas gagné. Le décompte des voix le donne perdant. Le Conseil constitutionnel le donne perdant. Quant à la CEI, elle n’a jamais proclamé de résultats.
La question aujourd’hui, n’est pas de savoir qui a gagné l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Elle est de savoir ce qui motive l’attitude de mon adversaire et de ses soutiens extérieurs. Tout se passe comme s’ils savent des choses que nous autres Ivoiriens, nous ignorons, concernant le déroulement du scrutin et les procédures de proclamation des résultats.
C’est pourquoi je propose un comité d’évaluation destiné à connaître des faits et à établir la vérité sur le déroulement des élections en Côte d’Ivoire. J’ai confiance. La vérité finira par triompher. Nous avons le droit et la vérité avec nous. C’est pourquoi nous avançons.
Passés les premiers moments, marqués par la passion, les esprits se calment. En Afrique comme ailleurs, l’appel au dialogue est entendu. A la suite de la CEDEAO qui vient de dépêcher trois chefs d’Etats, l’Union Africaine a désigné le Premier ministre kenyan, pour diriger une mission de suivi de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire.
Ce soir, à la veille du nouvel an, je voudrais à nouveau lancer un appel solennel à toutes les personnalités qui se trouvent encore à l’hôtel du Golf. Je leur demande de rentrer chez elles.
Le temps de la guerre est passé. C’est maintenant le temps du dialogue. Donnons-nous la main et formons autour de notre chère patrie, la Côte d’Ivoire, une chaîne de solidarité et d’amour.
C’est mon vœu le plus cher au seuil de la nouvelle année.
Bonne et heureuse année 2011 à tous les Ivoiriens et à toutes les Ivoiriennes !
Que la nouvelle année qui commence soit une année de paix et de prospérité pour chacun et chacune de nous !
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !
SEM Laurent Gbagbo
Président de la République de Côte d’Ivoire.

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Posté par rwandanews