En Afrique noire aussi, les bouleversements qui agitent le monde arabe sont suivis avec passion. Comment imaginer que ces manifestations pacifiques, inspirées par une exigence de dignité plus encore que par des revendications économiques, n’aient pas d’écho dans des pays qui ne connaissent qu’une démocratie de façade et des élites prédatrices ? En Mauritanie mais aussi au Cameroun, des  étudiants ont manifesté, à Butembo (Nord Kivu) il y a eu des échauffourées, à l’extérieur du Rwanda l’opposition s’organise et noue des contacts non pas avec des « génocidaires » et des « divisionnistes » comme  le régime aimerait le faire croire mais avec des citoyens qui souhaiteraient que s’assouplisse la poigne de fer de Kagame…Au Sénégal, le forum social qui se tiendra cette semaine répercutera bien des indignations et des situations d’injustice…

Si ce printemps est celui des peuples, il ne fleurira pas seulement dans le monde arabe et même les dirigeants qui se prévalent d’une légitimité électorale auraient intérêt à tenir compte de cette montée en puissance de l’expression populaire. Voyez la République démocratique du Congo : à quelques mois des élections de novembre prochain, le conseil des ministres a pratiquement cessé de se réunir et on a le sentiment que les autorités naviguent à vue,  la Constitution est modifiée –de manière légale certes, mais peu fair play- afin d’y introduire un scrutin à un tour qui réduit les chances de l’opposition, un dossier critique publié dans Jeune Afrique suscite des réactions démesurées qui rappellent celles de l’agence Azap du temps de Mobutu… Certes, le chef de l’Etat, qui va d’un chantier à l’autre et traverse le pays en jeep pour garder contact avec le terrain, ne peut être comparé à ces dirigeants sclérosés qui demeuraient confinés dans leurs palais, mais il reçoit peu les diplomates, communique mal et donne le sentiment de ne pas vouloir réellement porter le fer dans ce mal qui ronge le pays, la corruption, qui sévit à tous les niveaux du pouvoir.  Or l’exemple de la Tunisie l’a bien montré, c’est à cause de la corruption du régime que la réelle croissance économique du pays ne se répercutait pas assez sur le niveau de vie de la population. Au Congo aussi, on se demande à qui profitent les mesures d’ effacement de la dette, les hausses des cours des matières premières, la multiplication des investissements étrangers. Certes, les routes avancent,  les immeubles se construisent. Mais le social demeure à la traîne : comment accepter  que, suivant les calculs du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) ce soit le citoyen congolais qui ait le poids moyen le plus faible au monde ?

Au lieu d’appeler leur chef « Raïs », les conseillers de Kabila feraient mieux de  tirer les leçons de la révolte des Egyptiens
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Posté par rwandaises.com