(AfriSCOOP Analyse) — La France met encore les pieds dans le plat en Afrique. Cette fois-ci au Nord du Sahara. Devant la mesure et la prudence des Européens face à l’évolution des affrontements en cours en Libye, le pays de N. Sarkozy a cru bon de choisir clairement son camp. Qu’attendent les irréductibles de la vie démocratique au Sud du Sahara pour imiter les “rebelles libyens” ?

En matière de politique africaine des Républiques du « Vieux continent » (Europe), la France étonnera toujours. Après avoir reçu des représentants du Conseil national de transition de Benghazi, l’Elysée a reconnu ce Conseil comme étant dorénavant « le seul représentant légal du peuple libyen » ! Une rapidité diplomatique pour prendre de l’avance sur les autres membres de l’Ue (Union européenne). Après l’appui subreptice de l’Hexagone à la rébellion en Côte d’Ivoire, c’est au tour des insurgés libyens de recevoir le soutien du pays de Victor Hugo. Même si les contextes ivoirien et libyen sont diamétralement opposés, une rébellion reste une rébellion…

La France fait déjà son marché au Maghreb

Après les révolutions du « jasmin » et du « papyrus » (respectivement en Tunisie et en Egypte), les cartes économiques sont en train d’être redistribuées en Afrique blanche. Et les descendants des Gaulois comptent bien avoir une bonne part du gâteau. Ce qui n’est pas gagné d’avance, quand on sait que Paris a d’une part laissé une mauvaise image à Tunis en tant que soutien irréductible du dictateur Ben Ali jusqu’au 14 janvier 2011 ! D’autre part, l’Hexagone a perdu en Egypte, le 11 février dernier, un éminent soutien de son projet Upm (Union pour la Méditerranée), en la personne du téméraire Hosni Moubarak. Autant prendre position hic et nunc en Libye qui continuait d’ouvrir ses portes aux multinationales occidentales, avant le début de l’insurrection libyenne. C’est dire que les soucis de préservation de la vie des Libyens dont font état les dirigeants français ces dernières heures n’arrivent en réalité qu’en seconde position, sur leur échelle de priorité.

Dans une Afrique francophone où l’alternance politique est une gageure, les Opposants aux régimes en place gagneraient à s’inspirer de l’insurrection libyenne. Et surtout à faire bouger les lignes de l’Elysée à l’égard de leur lecture du néocolonialisme. L’heure n’est plus au radicalisme stérile des oppositions francophones, mais à des habiles conciliabules et négociations avec la cellule de l’Elysée qui sauvegarde le gaullisme en Afrique !!

Un renversement d’un régime en place par les armes sera toujours condamné au nom des règles régissant le droit international. Mais quand un putsch ou une insurrection peut libérer une majorité de citoyens savamment paupérisés par des dirigeants, pourquoi ne pas explorer de telles voies ? Les Africains francophones ne gagneraient pas à l’heure actuelle à avoir des pays instables. Mais, faut-il pour autant mourir d’une pauvreté immonde alors qu’on côtoie quotidiennement d’immenses ressources naturelles ? John Fru N’di, Jean-Pierre Fabre, M. Yorongar, Oba Mbame, etc. : essayez, vous verrez… Une arme a un pouvoir que n’a pas la parole. N’est-ce pas MM. Ouattara et Soro ?
par Achille NGUETI

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Posté par rwandanews