De Rabat à Benghazi, d’Abidjan au Caire, de Tunis à Cotonou en passant par Alger et Niamey, le thème de la démocratie est bien celui qui s’impose en cette fin d’hiver hésitante, entre avancées spectaculaires et soubresauts inquiétants.

Premier constat : nul ne sait encore de quel côté va pencher la balance en Côte d’Ivoire où le bras-de-fer continue entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.
Le site Afrik.com rend compte en ces termes de la réunion de l’Union africaine qui vient de se tenir à Addis-Abéba,  en Ethiopie :
« L’Union africaine a confirmé qu’Alassane Ouattara était bien le président élu de la Côte d’Ivoire. Le panel des cinq chefs d’Etats africains lui a demandé de « faire preuve d’ouverture dans la formation de (son) gouvernement et de trouver une sortie honorable à Laurent Gbagbo ». Le représentant de ce dernier Affi Nguessan, a déclaré que l’UA se rendait par cette décision complice du coup d’état perpétré par Alassane Ouattara ».
Autant dire que la situation est figée alors que les violences, souvent meurtrières sont devenues quasi-quotidiennes à travers le pays. « Un sommet pour rien ? » : la question est posée par le site Guinéeconakry.info, pour qui « il est à craindre que la montagne ait accouché d’une souris ».

Pas de miracle en Ethiopie

« Le miracle d’Addis-Abéba n’aura pas eu lieu », confirme L’Observateur Paalga au Burkina Faso. Son sentiment est que Gbagbo, en refusant de quitter Abidjan pour se rendre à ce sommet, a montré qu’  « il ne croyait pas en une résolution pacifique du conflit, que même il recherchait l’affrontement armé ».
« Nous reprendrons les choses en main dans quelques jours » : faite à Addis-Abéba, cette déclaration d’Alassane Ouattara est reprise à la Une du Nouveau Réveil, qui fait partie de son camp. « L’UA confirme la victoire de Ouattara » titre le journal, pour s’en féliciter.

Du côté de la presse africaine favorable à Laurent Gbagbo, on s’insurge, à l’image du quotidien congolais Le Potentiel qui parle de « complot ourdi par l’ONU et  les puissances occidentales » pour installer au pouvoir Alassane Ouattara et donc s’assurer de la mainmise sur les richesses naturelles de la Côte d’Ivoire.

En France, le journal Le Monde approuve le processus mis en place par l’Union africaine. Ce processus consistant à charger un panel  de cinq présidents africains de trouver une sortie de crise « va dans le bon sens ».
C’est sur la crise ivoirienne que porte l’éditorial du Monde : « une victoire de la force dans ce pays consacrerait le triomphe de la brutalité sur le droit. Elle discréditerait par avance toutes les futures élections en Afrique. A quoi bon aller voter si c’est pour que le vaincu conserve le pouvoir ou s’en empare ? ».  
Le Monde rappelle que pas moins de dix-huit scrutins présidentiels sont prévus en 2011 sur le continent. « C’est dire, ajoute le journal,  l’immense risque de déstabilisation et de contagion autoritaire que comporterait le maintien du président ivoirien sortant ».

Parmi les scrutins du moment, les présidentielles au Bénin et au Niger. « Deux scrutins, un espoir » : c’est le titre d’un parallèle très approfondi et instructif paru dans Le Pays, journal du Burkina Faso. « Béninois et Nigériens votent ce week-end pour désigner leurs présidents de la République.  En s’exécutant dans le calme, ils confirmeront à la face du monde, qu’il y a encore des raisons d’espérer en matière de construction en Afrique d’Etats de droit réellement démocratiques ».
Mais déjà pour le Pays, « le Bénin et le Niger constituent aujourd’hui deux exemples de processus démocratique pleins de vitalité ».

Paris en première ligne dans la crise libyenne

A Paris, Nicolas Sarkozy a reçu l’opposition au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, que le président français considère désormais comme seule représentante légitime de ce pays. Commentaire du site Fasozine : « Exit donc la grande amitié sarko-kadhafienne, place à la real diplomatie et au respect de l’autodétermination du peuple libyen en quête de liberté et de démocratie (…) Paris se met donc en première ligne dans le dossier libyen en poussant le bouchon jusqu’à proposer des frappes ciblées contre les forces de répression de Kadhafi. Il ne reste plus maintenant qu’à attendre de voir si Sarkozy a misé sur le bon cheval en se positionnant comme le premier pays occidental à reconnaît le Conseil national de transition libyen ».

Enfin, le site Afrik.com lui revient sur les annonces faites mercredi à la télévision marocaine par le roi Mohammed VI. « D’importantes réformes, juge le site : que ce soit l’élargissement des libertés individuelles et collectives, le renforcement du statut du Premier ministre, la démocratisation de la monarchie
Il n’empêche que tout cela ne va pas assez loin, aux yeux des jeunes militants du mouvement du 20 février. Ils ont manifesté ce jour là,  et ils ont prévu de redescendre dans la rue, cette fois le 20 mars.

Le site Afrik.com donne la parole à des partisans du roi, et à des opposants. L’un de ces derniers répond qu’il s’attendait  à « des réformes concrètes qui entrent en adéquation avec les revendications des jeunes Marocains. Les jeunes n’ont pas réclamé que des réformes politiques ! ». Pour un autre, la Constitution marocaine n’est pas changée mais seulement toilettée et de la part du roi, ce n’était qu’ « un simple discours visant à apaiser la colère des manifestants ». ».

http://www.rfi.fr/emission/20110311-une-le-parcours-chaotique-democratie-afrique

Posté par rwandaises.com