La justice française semble avertir les autorités sénégalaises impliquées dans le naufrage du bateau Le Joola. L’arrestation de la directrice du protocole présidentiel du Rwanda en Allemagne, prouve que Paris n’a pas dit son dernier mot au sujet de ces personnalités sénégalaises.

Par Hamath KANE

L’arrestation de la directrice du protocole présidentiel rwandais, Rose Kabuye, sonne comme un avertissement pour  Mame Madior Boye et Cie, recherchés par la justice française dans l’affaire du naufrage du bateau Le Joola qui a fait près de 2000 morts. L’ex-juge du tribunal de Grande instance d’Evry, Jean Wilfried Noël, avait lancé 9 mandats d’arrêt internationaux contre des personnalités politiques et militaires sénégalaises. Dakar avait élevé la voix en constituant un pool d’avocats chargé de défendre la première femme Premier ministre du Sénégal et les co-responsables présumés. Le «petit juge» avait rejeté la requête la défense pour l’annulation des mandats d’arrêt. Leur porte-parole, Me Massokhna Kane avait, à son retour de Paris, fait savoir qu’il y a un espoir, parce qu’il y a des négociations en cours entre la justice française et celle sénégalaise.
Le Sénégal avait alors procédé à la réciprocité en émettant des mandats d’arrêt contre le juge français pour «forfaiture».

Aux dernières nouvelles, Jean Wilfried Noël a été muté par le Conseil supérieur de la magistrature (Csm). Les autorités politiques françaises avaient averti qu’elles ne pouvaient rien contre un juge, au moment où la confrontation judiciaire a failli entacher les relations diplomatiques entre les deux pays.

ImageTout le contraire de la rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali depuis novembre 2006, suite au lancement des mandats d’arrêts contre 9 personnalités rwandaises ; le même nombre que pour le Sénégal. C’est en plein froid diplomatique entre les deux pays que la directrice du protocole de Paul Kagamé, Mme Kabuye, a été interpellée dimanche dernier à l’aéroport de Francfort en Allemagne sur la base d’un mandat d’arrêt européen émis par la France. Alors qu’elle était en compagnie d’une délégation pour «préparer et participer à une visite de travail» de Paul Kagamé et bénéficiait, donc, de l’immunité diplomatique. Kigali a qualifiée l’arrestation d’«abusive».

Le Président Kagamé a dénoncé, vendredi dernier, sur les antennes de Rfi que de «petits juges» doivent arrêter de lancer des mandats contre des personnalités africaines.  Dans la foulée d’éventuels mandats d’arrêt contre des personnalités françaises en guise de réciprocité, le Rwanda peut aussi créer ses propres «petits juges», a-t-il prévenu, allusion faite au qualificatif donné au juge d’Evry.

Mme Kabuye est soupçonnée d’être impliquée, sur un total de 9 proches du Président Kagamé, dans l’attentat contre l’avion de l’ancien Président rwandais Juvénal Habyarimana, en avril 1994.
La justice française a ainsi décidé d’aller jusqu’au bout en exécutant les mandats d’arrêt contre le Rwanda. En  appliquant ces mandats d’arrêt contre des personnalités rwandaises, les avocats sénégalais ont perdu l’espoir de voir annulées les poursuites judiciaires lancées contre les responsables sénégalais présumés du naufrage du Joola. Attention aux déplacements en Europe !
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