« Laurent Gbagbo a été arrêté par les troupes pro-Ouattara », c’est ce que serine à l’envi toute l’Elysée et dont s’en font fièrement l’échos les forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) plus que jamais gonflées à bloc.

D’abord attribuée aux soldats français de la Licorne puis refilée aux combattants fidèles à Alassane Dramane Ouattara, la paternité de l’offensive finale sur le palais présidentiel, où s’abritaient Laurent Gbagbo et plusieurs membres de son entourage, n’en finit pas de susciter la polémique.

L’Hexagone a beau se ruiner en démentis, l’avancée de ses troupes vers la présidence quelques heures avant l’assaut final a de quoi jeter le trouble sur son rôle dans l’arrestation du chef de l’Etat ivoirien sortant. En attendant les images de l’opération, promises par le ministre français de la Défense et des Anciens Combattants, Gérard Longuet, pour, peut-être, se fixer définitivement sur l’identité des vaillants terminators, l’on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la frénésie avec laquelle Paris dément toute implication dans l’arrestation de Gbagbo.

Que peuvent bien cacher ces dénégations de l’ancienne puissance coloniale ? Le souci de ne pas froisser la susceptibilité des FRCI qui, malgré la destruction des armes lourdes des troupes républicaines, peinaient à mettre la main sur l’ennemi intime de leur chef, pourtant à portée de tir ? Ou serait-ce la peur d’être accusée d’interventionnisme, ce qui, en l’espèce, rappelle cette période glauque des relations entre la France et ses ex-colonies d’Afrique noire ?

Nicolas Sarkozy avait proclamé urbi et orbi la fin de la Françafrique, mais pour beaucoup, son implication directe et active dans la crise ivoirienne rappelle, à tout le moins, une fâcheuse ingérence digne de cette époque où la cellule africaine de l’Elysée décidait de l’avenir politique des rois nègres. Si tant est vrai, comme l’a déclaré le Premier ministre François Fillon, que « ce qui vient de se passer en Côte d’Ivoire est un message fort lancé à tous les dictateurs », l’on ne peut que s’en féliciter. Car de chefs d’Etat mal élus, le continent noir en regorge et l’on serait bien heureux de voir d’autres Licornes les encorner.

Mais quelles que soient les motivations réelles et cachées de cette interventions française sur les bords de la lagune Ebrié, dans sa finalité, elle ne différera en rien de la Françafrique originelle, c’est-à-dire celle conçue par le général De Gaule et mise en œuvre par son bras séculier, Jacques Foccart. Le prix à payer par Alassane Ouattara, « président élu », mais installé par la force Licorne sera le même que celui réglé par les nombreux dictateur portés au pouvoir par le mercenaire Bob Denard : servir d’abord les intérêts français, qu’incarnent les multinationales comme Total, Bouygues, Bolloré et nous en passons. La Françafrique reste la Françafrique : la France-à-fric.

Par Alain Saint Robespierre

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