Arusha, 1er avril 2011 (FH) – Le détenu phare du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), l’ancien directeur de cabinet au ministère de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, a finalement reconnu explicitement qu’un génocide s’était produit en 1994 dans son pays.

Lors son témoignage pour sa propre défense le 24 octobre 2005, il avait récusé le terme de génocide et parlé de « massacres excessifs ».

«Je me prosterne devant toutes les victimes du génocide rwandais », a déclaré vendredi le colonel Bagosora, condamné à la prison à vie en décembre 2008, pour crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

Une fois de plus, il a clamé son innocence et rejeté la responsabilité du génocide sur l’actuel président rwandais Paul Kagame et son ancienne rébellion du Front patriotique rwandais (FPR), actuellement au pouvoir à Kigali.

« Je continue de dire que j’ai été victime de la propagande inlassable du FPR qui a déclenché des massacres qui ont dégénéré dans le génocide dont la planification n’a pas encore été démontrée par le procureur », a-t-il poursuivi.

Bagosora, qui est souvent présenté comme « le cerveau » du génocide, a affirmé, au passage, que le manque de poursuites contre le FPR avait « terni l’image » du TPIR.

« Je soutiens fermement que la chambre de première instance ne s’est fondée sur aucune preuve matérielle pour conclure que les massacres étaient coordonnés et que je les ai coordonnés », a-t- il poursuivi.

L’ancien directeur de cabinet a été condamné pour des crimes perpétrés par des éléments de l’armée rwandaise, du 7 au 9 avril 1994, période au cours de laquelle il était, selon le jugement, la plus haute autorité militaire du Rwanda.

« Je reconnais qu’entre le 6 et le 9 avril 1994, j’ai remplacé le ministre de la Défense Augustin Bizimana (alors en mission à l’étranger) mais avec un pouvoir limité » par une directive ministérielle, a-t-il dit.

« En tant que directeur de cabinet, je ne pouvais pas agir comme un ministre parce que je n’étais pas nanti de tous les pouvoirs ministériels », s’est-il défendu, soulignant qu’il n’assurait que « les affaires courantes ».

Bagosora comparaissait depuis mercredi avec l’ancien commandant des opérations militaires dans la région de Gisenyi (nord), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, également condamné à la perpétuité en première instance.

Ce dernier a affirmé avoir réussi à empêcher ses hommes de participer au génocide. « J’y suis parvenu malgré tout ce qui a été dit », a-t-il clamé, indiquant avoir été « surpris de se retrouver sur la liste des suspects ».

L’arrêt de la chambre d’appel ne devrait pas être prononcé avant plusieurs mois.

ER/GF

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Posté par rwandaises.com