(Le Figaro 05/05/2011)
PARIS — Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, dont la présence n’est pas souhaitée au Rwanda par Paul Kagamé, a vivement dénoncé mercredi un rapport rwandais de 2008, rempli selon lui de « mensonges et d’inventions » sur l’implication de la France dans le génocide de 1994.
« M. Kagamé a dit que je n’étais pas le bienvenu au Rwanda. Je lui ai répondu que je n’avais pas l’intention d’y aller et que tant que circulerait un rapport » mettant en cause le rôle de la France en 1994, « je n’ai pas l’intention de me manifester de façon très visible », a déclaré le ministre à la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française.
Ce rapport, visant François « Mitterrand, (Edouard) Balladur, (Hubert) Védrine, (Dominique) de Villepin, (François) Léotard, moi-même et l’armée française, est un tissu de mensonges et d’inventions », a lancé Alain Juppé, qui était à l’époque ministre des Affaires étrangères.
Ce document, datant de 2008 et réalisé par une commission d’enquête rwandaise, accuse la France d’avoir « participé » au génocide de 1994.
Il s’agit d' »un contre-feu à l’instruction judiciaire menée en France », a estimé Alain Juppé, en espérant « qu’un jour la vérité historique sera faite sur ce qui s’est passé au Rwanda entre 1993, un peu avant, et puis pratiquement aujourd’hui ».
Lundi, Alain Juppé avait déjà affirmé qu’il n’avait « pas l’intention d’aller (au Rwanda) ni de serrer la main » du président rwandais dont des déclarations critiques début avril ont suscité le courroux de Paris.
Paul Kagamé avait alors déclaré que les Rwandais avaient « été insultés » par les prises de position en 1994 d’Alain Juppé.
Entre avril et juin 1994, plus de 800.000 Rwandais, essentiellement issus de la minorité tutsi, ont été massacrés par des milices extrémistes hutu et les ex-Forces armées rwandaises, selon l’ONU.
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