Getty images. Laurent Gbagbo saluant Desmond Tutu à Korhogo le 02 mai 2011.

Le dimanche 08 mai 2011 | IVOIREBUSINESS – – Le président kidnappé par la force Licorne et l’Onuci le 11 avril dernier, Laurent Gbagbo, a été entendu samedi pour la première fois par la justice ivoirienne, en l`absence de ses avocats français maîtres Jacques

Vergès et Marcel Ceccaldi, lesquels ont été refoulés la veille à l`aéroport d`Abidjan, faute de visas en règle lesquels ont dénoncé une « manipulation » des nouvelles autorités d’Abidjan.
Plusieurs analystes y voient la marque de la nature dictatoriale du régime Ouattara et une parodie de justice « des vainqueurs » sous les tropiques et dans laquelle le sort des accusés est déjà scellé, sous l’œil complice de la communauté internationale.

Personne dans ces conditions ne peut croire à la « réconciliation et justice » promises par le Président installé par l’Onu et la France, Alassane Ouattara, lors de sa prestation de serment jeudi.

Selon le procureur de la République d`Abidjan, Simplice Kouadio Koffi, « Laurent Gbagbo a été auditionné en présence de son médecin personnel » le Dr Blé Christophe. M. Kouadio s’exprimait au sortir de la villa isolée de Korhogo dans le nord de la Côte d`Ivoire, qui sert de lieu d’assignation à résidence au Président Gbagbo.

Selon des témoins, M. Simplice Kouadio est resté un peu plus d`une heure dans la résidence présidentielle de Korhogo, protégée par des éléments des Forces républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI) et des casques bleus de l`Opération des Nations unies en Côte d`Ivoire (Onuci).

« C`est donc pour cela qu`ils ont voulu nous empêcher de venir. La manipulation est évidente », a réagi Marcel Ceccaldi, qui veut saisir la Commission des droits de l`homme des Nations unies, dénonçant cette première audition illégale de son client.

« D`un côté, on annonce la création d`une Commission vérité et réconciliation et de l`autre on engage des poursuites contre le président.

Cela va accentuer les lignes de cassure à l`intérieur du pays », a jugé Me Ceccaldi.

Pour les défenseurs de l`ancien président, la loi ivoirienne prévoit que l`audition ne peut avoir lieu si M. Gbagbo exige la présence de ses avocats. Ce qui en l’espèce n’a pas été respecté.

Vendredi soir, le procureur de la République Simplice Kouadio Koffi avait toutefois indiqué à l`AFP que « la présence des avocats, si elle est souhaitable, n`est pas obligatoire ».
Faux, répondent en choeur les avocats du Président Gbagbo.
Pour des analystes, c’est la preuve que le sort de Gbagbo est déjà scellé dans ce qui apparaît comme une parodie de justice des vainqueurs, lesquels ne respectent aucune loi et aucune procédure.

Laurent Gbagbo était entendu dans le cadre d`une enquête préliminaire portant sur la crise née de la contestation du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010, au cours de laquelle 3.000 personnes ont trouvé la mort, selon les autorités.

Des accusations d`exactions, de concussion et d`appels à la haine pèsent contre M. Gbagbo, qui avait refusé de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara et a été arrêté à l`issue de quinze jours de combats le 11 avril dans la résidence présidentielle à Abidjan.

A aucun moment, les exactions et massacres commis par le camp Ouattara, tels que les 800 civils aux mains nues tués à Duekoué, le charnier découvert récemment à Yopougon, l’assassinat du ministre Tagro, les pillages opérés dans les villes et villages par les FRCI de Ouattara, les enlèvements de personnalités pro-Gbagbo pour des destinations inconnues et les viols et épurations ethniques, n’ont été mentionnés. Ce qui prouve qu’on a affaire à une justice des vainqueurs.

Christian Vabé

http://www.ivoirebusiness.net/?q=node/3624

Posté par rwandaises.com