Le dernier mot reviendra-t-il à la justice ? Décus par les conclusions de la commission d’enquête parlementaire belge sur les responsabilités de la Belgique dans l’assassinat de Patrice Lumumba, les fils du Premier Ministre congolais, constitués en partie civile, ont déposé une plainte de 136 pages auprès du tribunal de première instance de Bruxelles.

En cause, un « crime d’Etat » commis par des agents de l’Etat belge, qui seront accusés de crimes de guerre et de tortures, crimes relevant du droit international et qui, selon leur avocat Me Marchand, ne sont pas frappés de prescription. Selon les plaignants ; ce « complot criminel «  a été ourdi et mis en œuvre à différents niveaux : le Ministère belge des Affaires étrangères, dirigé à l’époque par Pierre Wigny, le Ministère des affaires africaines, dirigé par le vicomte Harold d’Aspremont Lynden, le Bureau conseil du Katanga, où des fonctionnaires belges assistaient  à l’époque le gouvernement sécessionniste de Moïse Tshombe.  Si les plaignants ont tenu à saisir la justice bruxelloise, c’est parce que, à leurs yeux, c’est dans la capitale belge que crime a été conçu et préparé, et plus précisément au sein de la «Cellule Congo ». Rappelons qu’en 1960, alors que la Belgique politique et sociale traversait une période troublée, celle des grandes grèves, l’indépendance du Congo fut préparée au sein d’un cercle très restreint, où se retrouvaient des officiers de haut rang, des diplomates et des fonctionnaires des ministères concernés. Rappelons aussi que durant toute la période coloniale, le sort du Congo, qui ne passionnait guère l’opinion, suscita relativement peu de débats parlementaires et que ceux qui furent appelés à gérer l’indépendance et la crise qui suivit eurent les mains relativement libres.

Avant deux semaines, un juge d’instruction devrait être désigné pour examiner la plainte, si elle est jugée recevable. Si l’Etat belge et ses agents seront mis en cause, des personnes physiques seront elles appelées à répondre ? Même si tous les protagonistes de premier plan ont disparu, une liste de dix noms plus X a été remise à la justice belge. Selon Me Marchand, s’y retrouvent des membres de la « Cellule Congo » et des membres du « Bureau Conseil » qui travaillaient aux côtés de Moïse Tshombe au Katanga.

Me Marchand refuse, de communiquer  les noms des personnes concernées par la plainte, invoquant la présomption d’innocence . On peut supposer cependant que l’avocat belge dispose d’éléments suffisants pour convaincre la justice beklge de considérer la plainte comme recevable. Dans ce cas,  les plaignants espèrent que des dossiers d’archives seront rouverts, des auditions à huis clos réentendues et que les investigations mèneront jusqu’aux  archives de pays tels que le Ghana, qui avait des Casques bleus au Congo en 60 ou la Suède, dont  le secrétaire générak de l’ONU de l’époque Dag Hammarskold était ressortissant.

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Posté par rwandanews.be