Pour l’Union africaine, l’OTAN aura tout fait pour que ses tentatives de médiation pacifique échouent en Libye, car les pays occidentaux avaient déjà leur feuille de route : chasser militairement Kadhafi sans tenir compte des avis de ses pairs du continent. Un groupe d’intellectuels africains va plus loin, et accuse l’Occident de mener une offensive sans précédent de recolonisation de l’Afrique, afin de continuer le pillage de ses ressources naturelles.

Ce vendredi, alors que les médias occidentaux continuent de parler de la capture imminente de Kadhafi – qui reste toujours introuvable et a nargué ses ennemis via un message audio – l’après-Kadhafi a déjà commencé pour les alliés des rebelles. Au menu, le partage de l’or noir, le pétrole libyen. C’est sans doute dans ce contexte qu’il faut replacer la sortie jeudi à Benghazi de Moustapha Abdeljalil, le chef du Conseil national de transition (CNT). Au cours d’une conférence de presse, Moustapha Abdeljalil a fait savoir que les pays qui ont aidé la rébellion seront favorisés en fonction du soutien apporté aux rebelles.

Du côté de l’Union africaine, à l’issue d’un mini-sommet d’urgence à Addis Abeba, elle a refusé ce 16 août de reconnaître la légitimité du CNT, et réitéré son appel à une sortie négociée de la crise libyenne. L’Union africaine reproche aussi à l’OTAN, allié militaire des rebelles libyens, d’avoir poussé à un conflit armé, et provoqué ainsi des milliers de morts qui auraient pu être évités.

Muammar Kadhafi,Guide libyen

En dépit du portrait du chef de la Jamarihiya libyenne en Occident, reste considéré par une grande partie de la jeunesse africaine comme l’un des plus fervents promoteurs de l’UA et des Etats-Unis d’Afrique

Pour l’Union africaine, pas question de signer un chèque en blanc au CNT. L’organisation panafricaine, dans un langage diplomatique dont la nuance ne trompe personne, a fait savoir que le siège de la Libye au sein de l’UA est vacant, et que si un gouvernement consensuel présentait un ambassadeur, celui-ci sera accrédité. En clair, du seul fait d’être soutenu par l’Occident, que le CNT ne s’attende pas à être accueilli au sein de l’UA, à moins d’œuvrer à un gouvernement d’union nationale.

Mais, au vu de la position de certains pays comme le Sénégal d’Abdoulaye Wade ou le Nigeria de Goodluck Jonathan (qui ont reconnu le CNT et s’alignent en général sur les positions occidentales), l’UA tiendra-t-elle jusqu’au bout sa position actuelle ? Sur les 54 membres que compte l’organisation panafricaine, une dizaine ont reconnu le CNT. Parmi eux, la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara, l’Éthiopie, le Burkina Faso, le Tchad, le Nigeria, le Sénégal, la Gambie et le Rwanda. Pour Jacob Zuma, en reconnaissant la légitimité de la CNT, ces pays ont agi à leur nomprore, et nom au titre de l’UA, dont la position officielle est celle présentée ce vendredi.

Le président sud-africain Jacob Zuma

Pour rappel, dans la crise ivoirienne où ONU et France ont militairement aidé un candidat à chasser son adversaire politique du pouvoir, là aussi, les appels à la diplomatie et négociation de l’Union africaine étaient restés lettre morte face à une partie de ses membres favorables à la guerre, et surtout, à la pression occidentale. Une ingérence de moins en moins goûté sur le continent, et la diaspora africaine, à en croire les commentaires sur les principaux réseaux sociaux et sites afros.

Les responsables de l’UA, avec en tête le groupe sud-africain, semblent de plus en plus remontés contre l’ingérence désormais clairement affiché de l’OTAN ou des nations occidentales dans les affaires internes du continent, sous couvert de liberté et protection des populations locales. Ainsi, interrogé au parlement sur la situation politique en Afrique du Nord, Kgalema Motlanthe a fait savoir qu’il avait demandé à la Cour pénale internationale d’ouvrir une enquête pour possibles crimes contre l’humanité sur les responsables de l’OTAN.

Par Staff Culturefemme

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Posté par rwandanews