D’après un sondage réalisé auprès de 800 investisseurs opérant sur le continent africain, le Rwanda serait parmi les 10 pays d’Afrique les plus convoités par les investisseurs internationaux. Cette enquête a été réalisé par le Panel d’entreprises africaines.
Le Rwanda est-il un pays rentable ?
Conduisant une politique ouverte aux investisseurs étrangers, le Rwanda a un environnement macroéconomique favorable à l’accumulation capitaliste : une forte croissance du PIB accompagnée d’une politique économique axée sur la privatisation et une forte protection aux investisseurs ainsi qu’un faible niveau de corruption.
Avec une croissance de 7,4% du PIB , le pays est classé parmi les économies les plus prometteuses du continent africain. Cet indicateur qui permet de mesurer l’évolution du revenu de la population est déterminant pour les investisseurs. Toutes autres choses égales par ailleurs, un accroissement du PIB se répercute dans les revenus des ménages provoquant ainsi une hausse du pouvoir d’achat qui elle-même stimule les ventes des biens et services, ce qui est profitable aux investisseurs.
Ensuite dans la vision 2020, les autorités rwandaise se sont engagées à tendre vers une économie capitaliste. Pour ce faire, elles ont décidé d’adopter une politique de privatisation des facteurs de production pour permettre aux investisseurs d’acquérir les moyens de production sans passer par le gouvernement.
Enfin, la corruption, ayant des effets négatifs sur l’économie réelle, est une des préoccupations du gouvernement rwandais. Depuis son arrivé au pouvoir, une des priorité annoncée du régime est la lutte contre la corruption. Il s’est engagé à conduire le pays vers une société à zéro tolérance pour la corruption. La politique entreprise par Kigali pour réduire la corruption continue de porter ses fruits, puisque de 2006 à 2010, le Rwanda est passé du 121eme pays le plus corrompu à la 66eme place, se positionnant parmi les pays les moins corrompus d’Afrique. La réduction de la corruption est attrayante pour les investisseurs puisque ça représente une réduction des coûts de transaction.
Les réformes drastiques entreprises par Kigali pour attirer les investisseurs lui ont permis de se positionner parmi les pays les plus attractifs en terme d’investissement : en 2010, la Banque Mondiale classant le Rwanda à la 58eme position des pays où il est facile de faire du business ( 4eme d’Afrique). Néanmoins, certaines caractéristiques économiques et politiques, ayant une influence négative sur les investissements, méritent d’être mises en évidence.
D’une part, malgré que le Rwanda connait une forte croissance économique, tous les rwandais ne profitent pas de cette augmentation du Produit Intérieur Brut (PIB). En effet, cette richesse est distribuée de manière inégalitaire entre les différentes couches de la population : en 2009, le Rwanda comptait parmi les pays les plus inégalitaires au monde, avec un indice de Gini de 0,49. L’indice de Gini consiste à attribuer aux différents pays une note comprise entre 0 et 1 ( la note 0 signifie que les revenus sont distribués équitablement entre la population d’un pays donné et à l’inverse la note 1 signifie que toute la richesse de la nation appartient à une seule personne). Dans un contexte où une fine minorité s’approprie toute la richesse produite et que la propension marginale à consommer le revenu supplémentaire est faible pour les personnes aisées ( puisque ces derniers préféreront épargner le revenu supplémentaire), une croissance du PIB n’inclut pas forcément un accroissement des ventes des biens et services. Donc une forte croissance du PIB n’est pas toujours bénéfique pour les investisseurs. La croissance économique ne suffit pas pour stimuler les profits des investisseurs : il faut que cette croissance se répercute en grande partie dans les revenus des personnes les moins aisés d’entre nous puisque ces derniers ont une plus grande propension marginale à consommer le revenu.
De l’autre part, Le fait que le système capitaliste est générateur d’inégalité n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Un tel système ne doit pas être vu comme problématique s’il contribue à améliorer le bien-être des plus pauvres même s’il maintient les inégalités entre revenus. Cependant le système économique rwandais pose problème puisque il ne contribue pas à la réduction de la pauvreté : l’essor économique ne bénéficie qu’à une petite minorité de la population : les privatisations se font au détriment des pauvres,… A priori on pourrait croire que ces facteurs n’influencent pas le choix des investisseurs. Ça serait une grave erreur de penser ainsi puisque dans le monde actuellement les agents économiques tendent à ne pas poursuivre que le profit. Ils se préoccupent également d’autres facteurs tels que l’environnement et le bien-être de la population qui les entourent. : l’éthique ne peut être dissociée à l’économie.
Même si le Rwanda dispose d’un environnement macroéconomique favorable à l’accumulation capitaliste, il doit tenir compte et améliorer certains éléments qui influencent négativement sur les investissements.
Clément Cyiza. (RNA)
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