Bien avant la date de la clôture officielle, Etienne Tshisekedi, le président de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social ) a déposé ce lundi, sa candidature au bureau de la Commission nationale indépendante (CENI). Le vieux leader (79 ans) était accompagné de ses partisans et avait, la veille, publié une lettre ouverte aux Congolais expliquant pourquoi, cette fois, il avait décidé de se lancer dans la bataille : « pour tenter de restaurer l’état de droit ».

Le ton était donné.  D’un côté, le président  sortant Joseph Kabila, qui vient d’être officiellement désigné candidat par son parti le PPRD (parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) pourra, durant la campagne, compter sur des moyens considérables et avancer un bilan non négligeable (un récent rapport du FMI évalue à 6,5% la croissance économique…). De l’autre, Tshisekedi, qui sera sans doute son principal adversaire entend défier le président sortant en critiquant la gouvernance et en mettant en cause l’impartialité de l’arbitre, c’est à dire de la CENI. 

Le 1er septembre déjà, une marche de l’UDPS à Kinshasa s’était soldée à Kinshasa par des heurts avec les forces de l’ordre et des arrestations. Les militants du parti, accusant le président de la CENI, le pasteur Ngoy Mulunda, d’être proche du chef de l’Etat, et exigent d’avoir accès au fichier électoral logé dans le serveur central.

Dans les provinces aussi, la tension va croissant :  un porte parole de l’UDPS a souligné que 57 arrestations avaient été opérées à l’intérieur du pays, entre autres au Kasaï, que des militants avaient été blessés par balles ou intoxiqués par les gaz lacrymogènes. A Bukavu, l’hôtel de la poste, où la CENI avait établi ses locaux et déposé son matériel informatique, a été la proie des flammes durant le ween kend. Selon le gouverneur du Sud Kivu, Marcellin Cishambo, « il s’agît d’un accident, l’incendie a été provoqué par un court circuit électrique ». Beaucoup mettent cependant en doute cette version, croyant plutôt qu’il s’agît d’un attentat.

Alors que le pouvoir entend maintenir l’ordre de manière musclée s’il le faut,  et que les partisans de Kabila, non contents de se fonder sur le bilan de leur candidat estiment que l’argent finira par emporter les convictions, l’opposition, menée par l’UDPS a choisi la voie de la défiance à l’égard de la CENI voire de la confrontation et a refusé de ratifier le protocole prônant des élections apaisées.

Un choix risqué car,à ce stade, l’opposition reste minée par ses divisions : même si 80 leaders de différents partis politiques ont soutenu, dans l’église kinoise de Fatima, la candidature de Tshisekedi, les « poids lourds » ne se sont pas ralliés à une candidature commune. A ce stade, Vital Kamerhe, l’ancien président de l’Assemblée nationale, qui se présente à la tête de l’UNC (Union pour la nation congolaise) mènera campagne pour son propre compte, ainsi que Nzanda Mobutu, fils de l’ancien président, à la tête de l’UDEMO, qui rassemble les anciens mobutistes et le président du Sénat, Kengo wa Dondo pourrait également déposer sa candidature au nom de l’Union des forces du changement.

Face à ces divisions persistantes, un journal kinois, « le Climat tempéré » posait récemment la question la plus cruelle : «l’opposition est elle une machine à perdre ? »

Cependant, la division de l’opposition pourrait entraîner des surprises : en effet, si un homme comme Vital Kamerhe, originaire du Kivu et ancien pilier du parti présidentiel engrange des voix, ces dernières ne seront pas prises à l’UDPS ou au MLC, mais au PPRD, le parti de Kabila…Ce n’est pas parce que le scrutin est à un tour qu’il est joué d’avance…

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Posté par rwandanews