MAF 0002 Un événement qui a marqué l’été 2011 et qui est aussitôt devenu cher à mon coeur est la naissance du mouvement des Africains-Français (M.A.F). Un mouvement qui a clairement affiché sa vocation politique suscitant immédiatement des interrogations quant à son adéquation ou non avec les principes de la République Française qui ne reconnaît pas de traitement ethnique des problèmes des citoyens.

Que ceux qui se posent des questions commencent d’abord par balayer de leur esprit le complexe du regroupement ethnique. Partout dans le monde où les minorités constituent un élément important au sein de la population nationale, elles sont clairement identifiées par une dénomination particulière. Aussi parle-t-on d’Afro-américains, Sino-Américains, Latino-Américains, Afro-Brésiliens, Afro-Equatoriens, etc. Les médias français ne se privent d’ailleurs pas de reprendre allègrement ces formules ethniques dans le traitement des informations. Pourquoi serait-il donc une insulte à la République de parler d’Afro-Français ?

Ne l’oublions jamais : sous le couvert de la neutralité ou de l’égalité, la France a toujours distillé une sorte de négationnisme dans de nombreux domaines et cela a malheureusement souvent fonctionné. Nous avons connu sa politique du travailleur unisexe qui a fait tant de mal aux femmes jusqu’à ce que les travailleuses fassent un peu de bruit pour obtenir des traitements adaptés à leur féminité. Notons aussi que le combat des Français du Canada pour la reconnaissance de leur spécificité avait été applaudi et soutenu par la France à une époque pas très lointaine. Devant le négationnisme, il est donc bon que ceux qui se sentent bafoués dans leur spécificité ne plient pas l’échine.

D’autre part, ceux qui se posent des questions doivent absolument écarter l’idée que le M.A.F. vise la recherche de solutions à des problèmes d’ordre social. Qu’ils sachent que ce mouvement est la résultante du combat que Calixthe Beyala et de nombreux Français (surtout Afro-Français) ont mené avec les Africains pour dénoncer la recolonisation de l’Afrique avec l’intervention de l’armée française en Côte d’Ivoire qui a abouti au changement de président à la tête de ce pays. Puis la révélation de l’inversion des résultats des élections au Gabon pour installer Ali Bongo fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le combat du M.A.F. est donc un combat politique mû par une sensibilité pour la chose africaine. Ce mouvement trouve sa légitimité dans une tradition de solidarité avec les nations agressées que les Français partageaient avec d’autres populations occidentales jusque dans les années quatre-vingts. En ce temps-là, les étudiants et les intellectuels descendaient dans les rues des villes pour dénoncer les guerres et les injustices que la France ou d’autres nations puissantes infligeaient à des peuples lointains. Aussi, c’est en France que de nombreux Africains ont pour la première fois participé à une manifestation publique pour fustiger l’Apartheid et réclamer la libération de Nelson Mandela ou pour dénoncer les essais nucléaires à Muroroa. Le M.A.F renoue donc avec cette tradition aujourd’hui oubliée.

C’est par conséquent le visage informe de la démocratie française et plus particulièrement celui de sa politique étrangère à l’égard de leurs pays d’origine qui ont poussé les Afro-Français à créer – dans l’indignation – le M.A.F. En effet, la démocratie française est très loin d’être accomplie. C’est comme si sur le chemin de cette forme de gouvernement, notre pays s’est arrêté à mi-chemin permettant ainsi, avec le temps, l’installation d’une véritable oligarchie. Le fait que les représentants du peuple n’aient aucun pouvoir sur la politique étrangère du gouvernement l’autorise à user de la force militaire dans les pays étrangers en toute impunité. On finit même par croire que les malheurs que le gouvernement inflige aux populations africaines sont un spectacle qui nous réjouit puisqu’ils font augmenter la cote de popularité du président de la république. Tout laisse croire que plus la France lâche des bombes sur un pays africain, plus son président a des chances d’être réélu.

Mais les populations Afro-Françaises ne peuvent se permettre de rester inactives devant des pratiques qui leur rappellent un passé douloureux. Elles ne peuvent rester insensibles devant ce retour à la colonisation de l’Afrique avec son lot d’humiliations qu’ont vécues leurs parents et que certains ont connues eux-mêmes. Elles ne peuvent voir les images des chars de leur pays écraser arrogamment les populations des villes africaines sans réagir. Et comme en France les échéances électorales sont les seuls moments où nous, citoyens, pouvons intervenir sur l’action internationale du gouvernement en le sanctionnant ou en l’approuvant, les Afro-Français ont formé le M.A.F. afin de s’exprimer massivement dans ces occasions-là. Infléchir la politique internationale de la France par des négociations avant les échéances électorales est clairement l’objectif final.

Rêvons donc à la force de nos voix. Rêvons à la puissance de ce mouvement qui, s’il obtient l’adhésion de la grande majorité des Afro-Français, pourrait peser dans la balance électorale. Pour ce faire, il est nécessaire que le mouvement soit connu de tous et que chacun prenne ses dispositions pour figurer sur les listes électorales afin de respecter la consigne de vote qui sera donnée le moment venu. Le choix du candidat sur lequel porteront nos voix sera forcément fonction des négociations qui auront été faites avec lui et les engagements qu’il aura pris avec nous. Imaginez l’état d’esprit d’un des candidats sûr d’engranger deux à trois millions de voix qui d’ordinaire étaient anarchiquement éparpillées ! C’est en clair la force du chiffre des adhésions qui sera notre atout principal dans les négociations que nous aurons avec les différents candidats. Il importe donc que le plus grand nombre possible de Français qui ont quelques liens avec l’Afrique prennent une adhésion à la M.A.F. pour rendre éminemment visible la force que nous représentons dans le paysage de notre pays.numérisation0002

Cessons dès maintenant de nous disputer avant même d’avoir tenté quelque chose. Cessons cette habitude de répéter que « tout cela ne sert à rien » avant même d’avoir essayé. Sachez que votre adhésion à la M.A.F. permettra la constitution d’un capital d’électeurs que tous les candidats regarderont comme une force à ne pas négliger. Ensuite, votre inscription sur les listes électorales puis votre vote traduiront clairement votre volonté de faire changer la politique étrangère de notre pays vis-à-vis de l’Afrique. Ce changement, vous pouvez l’obtenir si vous croyez en vous ! Votre foi manifestée sera une force ! Ayez foi en vous et manifestez-vous ! Joignez l’action à votre indignation et vous rendrez tout changement possible !

Raphaël ADJOBI

Contact : Calixthe Beyala, 9 rue Roger Gobaut

http://raphael.afrikblog.com/archives/2011/09/05/21944250.html

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