Dans la nuit du 09 au 10 novembre, ses agresseurs ont commis l’irréparable. Ils ont fait irruption chez Dady, armés d’un pistolet, de couteaux et d’essence. Après l’avoir attaché sur une chaise, bâillonné, ils l’ont insulté, frappé sur tout le corps pendant une heure, tout en lui rasant la tête avec une baïonnette. Leur intention finale était de le bruler vif. Il a réussi à briser la cha ise au moment où ils l’ont aspergé d’essence. Il s’est enfui dans la cuisine en hurlant. Ils l’ont poursuivi, pour l’achever d’un coup de baïonnette. Il s’est protégé de son bras, se faisant sectionner les tendons de la main.
Il ne doit son salut qu’à l’irruption d’un voisin enfin alerté par le fracas de la lutte. Les agresseurs ont fui. Un tract a été laissé sur place stigmatisant son homophobie en lui reprochant » son film de pédé contraire aux valeurs de l’église «
Qui est Dady de Maximo ?
Dady a échappé une première fois à la mort en 1994. Les miliciens l’avaient laissé avec un dernier souffle de vie, violé et mutilé, au milieu d’un marais. Une cinquantaine de membres de sa famille élargie ont été massacrés dans des circonstances plus atroces les unes que les autres lors de ce génocide invisible aux yeux du monde.
Depuis, Dady a mené trois combats avec une énergie surhumaine : sa propre (sur)vie et celle des rescapés, un travail cinématographique sur l’écho infini du génocide (By the Shorcut), et, non sans ironie, un travail de couturier célébrant la beauté retrouvée du Rwanda. Il est ainsi le père de la première Fashion Week tenue dans l’Afrique des Grands Lacs et le seul rescapé du génocide auteur de documentaire.
Dady menait discrètement sa vie de « dépravé », englouti par le travail sur la mémoire du génocide et la défense inlassable de la parole des rescapés. Sa plus grande « perversion » a surement, aux yeux de ses agresseurs, été d’accueillir d’autres orphelins du génocide dans son collectif artistique, leur assurant en toute circonstance gîte, couvert, espace de parole et d’expression artistique. Sa maison était une ruche en perpétuelle effervescence. Ceux d’entre nous qui y ont séjourné, photographe d’un défilé, réalisateur en quête d’un projet collaboratif, chercheurs en science sociale, travailleurs humanitaires, en ont encore le tournis.
Pour le collectif, nous essayons de l’entourer, d’assurer une présence à son domicile, de pourvoir à l’urgence financière car il est dans l’impossibilité de travailler. Le soutien moral est la première chose que nous pouvons lui apporter, ainsi qu’un soutien financier même modeste. Nous nous battons à terme pour qu’il obtienne le statut de réfugié en France et soit enfin extirpé des mains de ses meurtriers. Aujourd’hui Dady veut simplement vivre la vie qu’il a choisie, après avoir survécu à tout.
Nous ne laisserons pas assassiner Dady une troisième fois.
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