Publié  par Yves Nyirinkwaya

Des témoins oculaires venus du Rwanda seront autorisés à témoigner contre une femme rwandaise résidant à New Hampshire aux Etats-Unis, Beatrice Munyenyezi accusée de crimes de génocide perpétrés lors de la tragédie rwandaise de 1994.

Les avocats de Béatrice Munyenyezi ont tenté d’entraver les témoignages de quatre femmes qui avaient été violées sur son ordre. Ils ont fait valoir que les méthodes utilisées par les enquêteurs fédéraux pour susciter l’identification des femmes étaient trop suggestives.

Le juge américain en chef du district Steven McAuliffe a reconnu mercredi 09 Novembre 2011 que les méthodes d’identification ont été suggestives, mais les avocats de Munyenyezi ont laissés entendre que les femmes ont été influencées par les enquêteurs.

Aucune des deux parties n’a le pouvoir d’assigner des citoyens étrangers, mais les procureurs disent que les femmes se sont portées volontaires pour témoigner au procès de Munyenyezi qui devrait débuter en Février prochain.

L’enquêteur de Homeland Security Thomas Andersen Jr. a fait savoir qu’il a montré à chacune des femmes une ou plusieurs photographies de Munyenyezi lors des entrevues qu’il avait eues avec elles à Butare, au Rwanda en 2008 et en 2009.

L’avocat de la défense a demandé pourquoi Andersen n’avait pas demandé aux témoins d’identifier Munyenyezi parmi un tableau de photographies de femmes différentes.

« Je n’ai pas eu de tableau », répond Andersen.

Munyenyezi, 41 ans, a été placé en garde à vue depuis Juin 2010, quand elle a été inculpée pour avoir menti afin d’entrer librement aux États-Unis et d’obtenir la nationalité américaine. Munyenyezi a nié toute implication au génocide perpétré contre les Tutsis en 1994.

Les procureurs allèguent maintenant qu’elle a dirigé des enlèvements, des viols et des meurtres de Tutsis pendant le génocide qui avait emporté la vie d’environ un million de personnes.

Mme Munyenyezi est entrée aux États-Unis en 1998 et a prêté serment en tant que citoyenne américaine en 2003 au même palais de justice où elle était assise enchaînée mercredi.

Andersen a déclaré que deux des femmes rwandaises lui ont dit que Munyenyezi a ordonné qu’on les viole dans la cave de l’hôtel appartenant à son époux.

Il a indiqué que deux autres lui ont témoigné qu’elles ont été assignées par Mme Munyenyezi aux commandants qui effectuaient des viols en série et des massacres de Tutsis dans l’ancienne préfecture de Butare dans le sud du pays.

Les procureurs affirment que Mme Beatrice Munyenyezi était la responsable de la barrière qui bloquait la route devant l’hôtel de son mari afin d’identifier l’appartenance ethnique des passants.

Andersen a déclaré que la femme identifiée par la cour sous les initiales « AM » dit avoir demandé de l’aide à Mme Munyenyezi pendant le génocide tandis que cette dernière lui réprimait : « Aujourd’hui c’est votre jour de mourir, je ne peux rien pour vous » déclare-t-elle.

Selon le procureur, la victime était ensuite emportée dans la cave de l’hôtel de l’époux de Mme Munyenyezi pour y être violée à plusieurs reprises pendant un certain nombre de jours.

Mme Munyenyezi est devenue austère devant ces témoignages. Mais à un moment donné elle est tombée en sanglot quand l’une des témoins a noté que Mme Munyenyezi était grosse pendant qu’elle ordonnait des viols sur ses consœurs rwandaises.
De cette grossesse, Mme Munyenyezi avait donné naissance à deux filles jumelles, qui ont aujourd’hui 17 ans.

Munyenyezi a plaidé non coupable de toutes les accusations portées contre elle.

Photo : Palais de justice de New Hampshire aux Etats-Unis

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