Le procès emblématique des  cadres politique cambodgien, aujourd’hui octagénaires, s’est ouvert ce lundi à Phnom Penh un an après celui du Douch

Nuon Chea, l’idéologue du régime, 85 ans aujourd’hui. (Reuters)

 

Le procès emblématique de trois cadres politiques du régime khmer rouge au Cambodge s’est ouvert lundi à Phnom Penh, ultime chance pour les victimes de comprendre, plus de 30 ans après, les faits qui ont conduit à la mort de quelque deux millions de personnes.

Les plus hauts responsables encore en vie du régime marxiste totalitaire de Pol Pot (1975-79) sont accusés de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, dans une procédure tentaculaire qui durera des années et concerne quelque 4 000 parties civiles.

Des centaines de Cambodgiens – moines, étudiants et survivants – se sont entassés dans la salle d’audience, séparés des accusés par une immense vitre dans un bâtiment moderne construit en banlieue de la capitale.
L’idéologue du régime Nuon Chea, l’ex-ministre des Affaires étrangères Ieng Sary et le président du « Kampuchea démocratique » Khieu Samphan, étaient tous les trois présents pour les premières constatations de l’accusation.

(Nuon Chea, Khieu Samphan et Ieng Sary)

Manquait en revanche l’ancienne ministre des Affaires sociales et « première dame » Ieng Thirith, épouse de Ieng Sary, qui souffre de pertes de mémoire, de démence et probablement de la maladie d’Alzheimer, et a été déclarée inapte à être jugée.

Les juges avaient ordonné sa libération la semaine dernière mais les procureurs avaient fait appel. La chambre d’appel a ordonné dimanche son maintien en détention jusqu’à la décision définitive, d’ici 15 jours.

(Photo Reuters)

« Le parti communiste du Kampuchéa a transformé le Cambodge en un immense camp d’esclavage, imposant à une population entière un système dont la brutalité continue jusqu’à aujourd’hui de défier l’entendement », a déclaré la procureure cambodgienne, Chea Leang.

La magistrate a évoqué « la nature impitoyable des évacuations forcées », les « conditions insupportables » des sites de travail forcé ou encore les mariages forcés en vertu desquels les victimes étaient « forcées d’avoir des relations sexuelles » avec leur partenaire désigné, sous peine d’exécution.

« Ces crimes ordonnés et orchestrés par les accusés comptent parmi les pires jamais infligés à une Nation dans l’Histoire moderne », a-t-elle ajouté, en citant un camp de travail du nord-ouest du pays où 70 à 80 personnes mouraient chaque jour.

Mais les attentes des victimes risquent d’être déçues par les trois octogénaires, qui rejettent les accusations.
Seul Khieu Samphan avait assuré de sa coopération en juin lors de l’ouverture technique du procès. Nuon Chea avait pour sa part quitté la salle d’audience. Et Ieng Sary a annoncé depuis qu’il ne témoignerait pas.

Alors que beaucoup craignent que certains des accusés ne meurent avant d’entendre un verdict, le tribunal, souvent accusé de lenteur, a découpé le procès pour accélérer la procédure. Le segment ouvert lundi est consacré aux déplacements de population et aux crimes contre l’humanité.

Mais l’accusation, avide de solennité, avait indiqué qu’elle présenterait l’ensemble du dossier lors de ses propos introductifs, y compris les faits de génocide.

Ce procès est le deuxième du tribunal international. En juillet 2010, Douch alias Kaing Guek Eav, chef de la prison S21 de la capitale où quelque 15 000 personnes ont été torturées avant d’être exécutées, avait été condamné à 30 ans de prison. Le verdict en appel est attendu le 3 février.
Deux autres dossiers contre des cadres moins importants du régime devraient, selon les observateurs, être abandonnés.

Le Premier ministre Hun Sen s’est toujours publiquement opposé à de nouveaux procès, et le tribunal a fait l’objet de fortes polémiques sur son comportement face aux pressions politiques.

La seule ouverture du procès relevait, à ce titre, d’un accomplissement, huit ans après la signature d’un accord international sur la création de cette juridiction hybride.
« C’est un événement majeur que le procès commence enfin », a admis le porte-parole du tribunal Lars Olsen. « Beaucoup pensaient que cela n’arriverait jamais ».

(Source AFP)

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Libération
Exemple pour le génocide du Rwanda ou seule la France ne s’est pas excusée, les US et la Belgique ont eu le courage de le faire. Et encore dans le cas du Rwanda, la participation de la France est plus qu’active.
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Posté par rwandanews