Découverte | D’origine rwandaise, le chanteur belge présente son premier album: «Des jours et des lunes». A voir vendredi au Chat noir!
Qu’est-ce qui se passe dans la tête de ce petit bonhomme vert, prisonnier de son feu de signalisation? Personne ne se pose vraiment la question en traversant la route. Et pourtant, il en voit des choses face au passage clouté. Peut-être tombe-t-il amoureux ou est-il témoin d’une scène cocasse? Si seulement il pouvait parler… Un jour, sur un trottoir de Bruxelles, cette idée a effleuré l’esprit de Jali. Et il en a fait une chanson.
Le sens de la chanson
Il est comme ça, Jali! Il suffit qu’il regarde un film ou qu’on lui raconte une histoire pour qu’il ait envie de la mettre en musique. En images. «On peut parler de tout à condition d’avoir un point de vue, précise-t-il. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est proposer plusieurs niveaux de lecture: à chacun de trouver le sens de la chanson!» Alors qu’on le considérerait plutôt comme une métaphore sur le suicide, le titre Des ailes a ainsi été traduit comme une ode aux parachutistes par l’un de ses potes. «Et moi, j’avais juste envie de parler de ces gens qui prennent des risques et qui sautent dans le vide pour atteindre leurs objectifs…»
Le premier album de Jali est ainsi fait. A la fois poétique et allégorique. Offrant un balcon sur le monde. Invitant à l’évasion et à la tolérance. Et dire que ce jeune homme de 22 ans ne chante que depuis quatre ans… D’origine rwandaise, Jali avait quitté son pays à l’âge de deux mois: son père venait de recevoir une bourse pour poursuivre ses études de médecine en Belgique. «En 1994, lorsque mes parents ont voulu retourner au Rwanda, le génocide a commencé. Nous sommes restés à Bruxelles! Heureusement d’ailleurs…» Il a donc dû attendre ses 17 ans pour découvrir sa terre natale. Avec sa petite sœur. «Il y avait un mélange de curiosité et d’appréhension en arrivant là-bas. Quand tu échappes à un tel drame, il reste forcément un traumatisme dans un coin de ta tête.»
En 2007, après deux ans à Kigali, Jali décide pourtant de revenir en Belgique. Et se met en tête d’apprendre à jouer de la guitare. Via Internet. «J’ai gratté mes cordes cinq à six heures par jour, jusqu’à ce que je puisse composer des chansons et m’accompagner, confie-t-il. Quand je me lance dans quelque chose, je le fais à 200%…» Est-ce que cela explique son éclosion rapide? Alors que d’autres artistes rament comme des galériens pour trouver une maison de disques… Il ne lui faut «que» quatre ans pour signer chez Barclay et se faire remarquer avec son premier single, Española. Sans passer par la case télé-crochet. «Je ne veux pas vendre du rêve», corrige-t-il. Avec humilité. «Dans ce projet, il y a plus de travail que l’on peut imaginer. J’ai eu de la chance, certes, mais après, il faut travailler cette chance. Parler d’une success story fulgurante, dans mon cas, ce serait donc vendre du rêve!»
De l’école de Brel
Jali – qui a emprunté son nom de scène à une colline de Kigali – se réalise dans l’écriture. Se revendiquant de l’école de Jacques Brel. Raconter des tranches de vie. Observer la société. Transmettre une émotion. «J’ai toujours été plus littéraire qu’autre chose, j’aimais beaucoup faire des dissertations à l’école… Associer écriture et musique est cependant venu sur le tard.» Aujourd’hui, il admet écrire «par accident». «Quand j’ai une bonne idée, ça va très vite! Mais je m’efforce d’utiliser des mots que j’emploie en parlant. Mon champ lexical est plutôt commun.» Jali ne se considère donc pas comme un poète moderne. Plus comme un jeune homme conscient des maux de sa planète. Il est surtout impatient de partager ses chansons avec le public. «Je suis plus à l’aise sur scène qu’en studio, prévient-il. Que l’on soit dans son salon, face à quatre potes, ou dans un bar, le plaisir de raconter des histoires est le même.» A vérifier vendredi au Chat noir!
«Des jours et des lunes», Jali. Barclay/Universal. Déjà dans les bacs.
Jali sera en concert le vendredi 9 décembre au Chat noir (21 h 30).
www.tdg.ch/jali-parler-success-story-cas-vendre-reve-2011-12-04
Posté par rwandanews