La comparution initiale de Laurent Gbagbo, qui a commencé ce lundi à 14 heures, s’annonce essentiellement technique : elle permettra aux juges de vérifier l’identité du suspect et de s’assurer qu’il a été informé clairement des charges portées contre lui et des droits que lui reconnaît le Statut de Rome, traité fondateur de la Cour pénale internationale. Elle n’en sera pas moins hautement symbolique, puisque l’ancien président ivoirien sera pour la première fois en présence de ses juges. C’est également ce lundi que la juge présidente, l’Argentine Silvia Fernandez de Gurmendi, annoncera la date de l’audience de confirmation des charges, étape préalable à la tenue d’un éventuel procès.

Soupçonné d’être « coauteur indirect » de crimes contre l’humanité lors des violences post-électorales de 2010-2011, à savoir meurtre, viol, actes inhumains et persécution commis par ses forces entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011, Laurent Gbagbo, 66 ans, a été incarcéré mercredi au centre de détention de la Cour à La Haye. Son refus de céder le pouvoir à son rival et actuel président Alassane Ouattara à la suite de l’élection présidentielle de novembre 2010 avait plongé le pays dans une crise meurtrière qui avait fait 3000 morts.

« Des crimes commis dans les deux camps« 

Arrêté le 11 avril à Abidjan, Laurent Gbagbo était détenu depuis lors à Korhogo, au nord de la Côte d’Ivoire. Sous le coup d’un mandat sous scellés émis le 23 novembre et rendu public mercredi, il avait quitté la veille la Côte d’Ivoire en avion à destination des Pays-Bas. A l’issue de l’audience de confirmation des charges, dans plusieurs mois, les juges devront déterminer si les preuves collectées par l’accusation sont assez solides pour la tenue d’un procès contre lui.

La première défense de l’ancien président est déjà prête : selon son avocat, Laurent Gbagbo demandera à la Cour lors de l’audience de ce lundi « de constater l’irrégularité de son arrestation de son transfert à La Haye et d’en tirer les conséquences« . L’ancien homme fort de la Côte d’Ivoire est toujours, affirme son défenseur, « sous le choc de la surprise » de son transfert à La Haye, et son avocat, Emmanuel Altit, dénonce depuis lors « la brutalité de cet enlèvement« .

Alors que le souvenir de ces violences est encore à vif dans tous les esprits en Côte d’Ivoire, des élections législatives sont prévues le 11 décembre. Et juger les responsables principaux apparaît comme une nécessité pour un pays encore déchiré, avant toute tentative de réconciliation. En visite à Abidjan, le procureur de la CPI avait promis le 15 octobre une enquête « impartiale » qui ciblerait « trois à six personnes » ayant les plus lourdes responsabilités dans les crimes commis lors de la crise. Mercredi, le procureur Luis Moreno-Ocampo a aussi assuré que Laurent Gbagbo ne serait « pas le dernier » à devoir rendre des comptes pour les crimes commis en Côte d’Ivoire, affirmant qu’il « apparaît que des crimes ont été commis dans les deux camps« .

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Posté par rwandanews