Andy Blatchford La déportation de Léon Mugesera a été reportée d’une semaine, ce qui indigne le procureur en chef du Rwanda, Martin Ngoga. CP Montréal |
Le procureur en chef du Rwanda affirme que la décision d’un tribunal québécois de suspendre la déportation de Léon Mugesera, accusé d’avoir collaboré au génocide dans ce pays, est une «insulte cinglante» aux survivants.
Un juge de la Cour supérieure du Québec a suspendu pour une semaine, jeudi, la déportation de M. Mugesera – le jour même où il devait être déporté.
Le procureur en chef du Rwanda, Martin Ngoga, a estimé vendredi par voie de communiqué que le gouvernement canadien devrait aller de l’avant avec la déportation en dépit de cette décision du tribunal.
«Le clan Mugesera se démène vraisemblablement pour tenter de trouver une dernière personne compatissante envers son client», a déclaré M. Ngoga dans un communiqué publié sur le site du gouvernement rwandais. «Il est décevant de constater qu’il semble en avoir trouvé une.
«Nous saluons l’engagement du Canada à faciliter les procédures judiciaires dans l’affaire Mugesera, et nous espérons qu’il rejettera cette dernière pirouette.»
Les avocats de M. Mugesera se sont adressés à la justice parce qu’ils craignent que le résidant de Québec ne soit torturé s’il est déporté vers ce pays africain. La décision du tribunal québécois vise à donner à l’équipe d’avocats de Mugesera plus de temps pour faire valoir qu’Ottawa devrait d’abord permettre à un comité de l’ONU d’évaluer les risques qu’il soit torturé après sa déportation vers le Rwanda.
Mais M. Ngoga affirme que cet argument de torture est «cynique et sans fondement», puisque les Nations unies ont déjà reconnu que la performance du Rwanda en matière de respect des droits de la personne s’est grandement améliorée.
Il a souligné que le pays avait aboli la peine de mort en 2007, ratifié une convention internationale contre la torture, et a déjà reçu la permission de l’ONU pour emprisonner des criminels de guerre du Sierra Leone.
Les États-Unis, a ajouté le procureur Ngoga, ont déjà déporté deux Rwandais vers leur pays d’origine, où ils ont été reconnus coupables de crimes liés au génocide, et purgent actuellement des peines d’emprisonnement.
«Le peuple rwandais ne veut pas de torture ou de vengeance, seulement la justice.»
À la suite de l’ordonnance de sauvegarde, jeudi, du juge William Fraiberg, de la Cour supérieure du Québec, le gouvernement canadien s’est dit «extrêmement déçu», et affirme examiner ses options.
Vendredi, un porte-parole de l’Agence des services frontaliers du Canada a déclaré que l’organisme «souhaite toujours expulser M. Mugesera, dans le respect des lois canadiennes».
Léon Mugesera, un ancien professeur d’université et politicien rwandais, doit répondre d’accusations criminelles découlant d’un discours qu’il a prononcé en 1992 et qui aurait contribué à l’éclatement du génocide.
Il a été hospitalisé mercredi à Québec pour un malaise inconnu, peu de temps après que la Cour fédérale ait rejeté son ultime tentative pour rester au Canada. Mugesera habite le Canada depuis
Porté par rwandanews