Il enquête sur des dossiers hautement sensibles… Et ce magistrat, qui a critiqué le chef de l’État à l’occasion de l’affaire Lætitia, serait victime, selon l’hebdomadaire Marianne, de pression et de vexations. Il a fait appel à l’Union syndicale des Magistrats.
C’est du lourd, du très lourd que le juge Marc Trévidic a sur son bureau. Des dossiers tout bonnement explosifs. De ces dossiers dont certains auraient espéré qu’ils tombent dans l’oubli. Et que ce juge ressort… pour découvrir des choses troublantes, sinon gênantes. Ainsi, l’affaire des moines de Tibéhirine, en Algérie… On a longtemps accusé les islamistes, l’enquête de Trévidic lorgne sur l’armée. À propos du Rwanda, on a toujours pensé que le massacre avait été déclenché par des tirs venant de rebelles Tutsis… jusqu’à ce que ces jours derniers, le juge Trévidic démontre qu’ils venaient des extrémistes Hutus. Enfin, c’est lui qui a hérité du juge Bruguière l’épineux dossier de l’attentat de Karachi. Exit, là aussi, la piste d’un kamikaze islamiste. Marc Trévidic remonte patiemment la piste des rétrocommissions. Avec des mises en examen en forme de coups de tonnerre : Nicolas Bazire, ex-directeur de campagne d’Édouard Balladur et Thierry Gaubert, tous deux proches de Nicolas Sarkozy, sans oublier l’ancien ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabre…
Marc Trévidic paye-t-il pour avoir marché sur les plates-bandes du pouvoir ? Toujours est-il que selon ses proches, il fait l’objet d’incessantes pressions, menaces de procédures disciplinaires, tentatives d’humiliation, brimades. Entre autre, il devait se rendre au Niger pour une formation de magistrats antiterroristes : on l’en a empêché alors même qu’il avait obtenu toutes les autorisations.
Une délégation de l’Union Syndicale de la Magistrature a été reçue par la hiérarchie du juge. Le premier président de la Cour d’appel de Paris, Jacques Degrandi a réfuté toute « intention d’empêcher Marc Trévidic d’instruire en toute indépendance». Et rajoute « dans le respect des règles éthiques et déontologiques attachées à l’état de magistrat ».
Pour Gilbert Tiel, autre juge du pôle antiterroriste « c’est un homme visiblement affecté, fatigué, pour ne pas dire épuisé ». Pour Me Olivier Morice, avocat des victimes de l’affaire Karachi, « Il représente le symbole de l’indépendance de la magistrature face aux magouilles et à la raison d’État ». Trévidic, un peu moins seul ?
« Sarkozy ? Un multirécidiviste… »
Nicolas Sarkozy n’a sûrement pas oublié les propos tenus par le juge Marc Trévidic, en février 2011, en tant que président de l’association des magistrats instructeurs, lorsque le chef de l’État avait vivement critiqué la justice, lors de l’affaire Lætitia ; Marc Trévidic avait estimé que Nicolas Sarkozy était « un multirécidiviste » dans ses attaques contre les magistrats. « Je pense qu’il est largement temps de lui appliquer la peine plancher, puisqu’il faut être très dur envers les multirécidivistes » avait-il ironisé.
De quoi épaissir le contentieux avec ce juge qui met en examen les amis du président.
www.ladepeche.fr/article/2012/01/14/1260704-marc-trevidic-ce-juge-qui-gene-le-pouvoir.html
Posté par rwandanews
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