Le maître de Kigali n’a pas été tendre envers la communauté internationale, qui selon lui, au lieu d’apporter des solutions aux problèmes ne fait qu’en créer.

Depuis son retour du Sommet extraordinaire de l’Union Africaine, à Addis-Abeba, le président rwandais, Paul Kagame, s’explique pratiquement au quotidien pour démentir l’implication de son pays dans la guerre de l’Est de la République Démocratique du Congo.

Visiblement en colère, il a violemment critiqué les pays occidentaux ainsi que les organisations internationales, coupables à ses yeux d’une campagne de diabolisation de son pays, qu’ils accusent faussement d’être à la base de l’insécurité qui touche l’Est du territoire congolais. Il a rappelé que depuis 18 ans, la partie orientale de la RDC est en proie à l’activisme d’une multitude de groupes armés parmi lesquels il faut compter les FDLR (Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda). Il a parlé à ce propos, d’un groupe terroriste animé par des miliciens et soldats responsables du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.

Le président Paul Kagame s’est tout de même réjoui du fait que son pays et la RDC ont fourni beaucoup d’efforts pour progresser dans la voie de la normalisation de leurs relations et de la pacification de l’Est du territoire congolais. Il a martelé que durant ces quatre dernières années, aucun pays des Grands Lacs, d’Afrique, d’Europe ou d’Amérique ni aucune organisation internationale n’a travaillé autant que le Rwanda pour le retour de la paix et de la stabilité en République Démocratique du Congo.

Selon Kagame, les deux Etats voisins étaient tout proches de réussir le pari du rétablissement d’une paix durable en territoire congolais lorsque la communauté internationale est venue tout chambouler, en semant la discorde entre Kinshasa et Kigali, à travers des rapports et enquêtes qu’il a jugés mensongers sur toute la ligne. Au lieu d’apporter des solutions aux problèmes divers que connaissent Congolais et Rwandais, a noté le maître de Kigali, leurs partenaires occidentaux et autres ne font qu’en créer, à cause de leur mauvaise connaissance et appréciation des réalités de la région des Grands Lacs.

A son avis, personne ne peut mieux poser les problèmes spécifiques aux deux pays que les Rwandais et les Congolais eux-mêmes. Et de souligner que ces dernières années, les autorités congolaises et rwandaises sont restées en contact permanent et ont réalisé pas mal de progrès dans la voie de la lutte contre les forces négatives. Selon Kagame, les opérations militaires conjointes lancées en 2009 dans l’Est de la RDC par les armées congolaise et rwandaise contre les forces négatives en général et les FDLR en particulier ont considérablement affaibli celles-ci.

Au terme de l’opération « Umoja Wetu », a-t-il tenu à souligner, grâce à la facilitation rwandaise, un accord politico-militaire avait été signé entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle dénommé CNDP (Congres National pour la Défense du Peuple). C’est grâce aux bons offices du Rwanda, a-t-il indiqué, que le général rebelle Laurent Nkunda avait été neutralisé, arrêté puis transféré à Kigali où il se trouve toujours en résidence surveillée et sous le coup des poursuites judiciaires.

Cas Bosco Ntaganda

Paul Kagame a fait savoir qu’avant, pendant comme après les élections présidentielle et législatives organisées en 2011 en RDC, son pays n’a cessé de jouer un rôle positif pour la stabilité du Congo. Kinshasa et Kigali ont continué à beaucoup travailler, insiste-t-il, pour faire face aux défis sécuritaires de l’Est de la République Démocratique du Congo. Et d’affirmer que les bonnes relations rétablies entre les deux voisins ne plaisaient pas à certains membres de la communauté, internationale.

Et pour recréer le climat de tension et de méfiance entre les deux pays, ils ont fait croire aux Congolais que certains officiers de l’ex-CNDP, dont le général Bosco Ntaganda, devaient être déférés devant la Cour Pénale Internationale et que la mission de les arrêter devait être exécutée par le Rwanda. A quel titre le Rwanda devait-il endosser la responsabilité d’arrêter un officier congolais, intégré dans les FARDC en mars 2009 ? S’est-il interrogé. Son pays, a-t-il dit, ne connaissait pas les crimes qu’il aurait commis en 2006 et pour lesquels il était poursuivi par la CPI.

Pour le président rwandais, c’est le fait que la communauté internationale a mis le Rwanda dans le même sac que les présumés criminels recherchés par la CPI qui a tout gâché. Avant que n’éclate la guerre au Nord-Kivu, a révélé Kagame, il avait fait part aux autorités congolaises des revendications du M 23. Une rencontre entre les deux parties avait eu lieu en territoire rwandais, au terme de laquelle la délégation congolaise avait promis de donner suite au cahier de charges de ce mouvement rebelle à son retour à Kinshasa. Mais, une fois en dehors du Rwanda, elle a fait le contraire, en refusant d’honorer son engagement pour une solution négociée.

Paul Kagame a indiqué que le Rwanda était surpris d’être accusé, peu après, de fournir des armes, des munitions, des troupes et des moyens financiers au M23, alors que le fond du problème est congolo-congolais. Si la communauté internationale continue de faire foi aux experts du genre de ceux qui ont induit tout le monde en erreur sur ce qui se passe dans l’Est de la RDC, a prévenu le président rwandais, l’histoire la jugera un jour sévèrement.

Kimp/Le Phare

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Posté par rwandaises.com