Le Burundi veut arrivé pacifié au 50eme anniversaire de son indépendance, le 1er juille t prochain. Alors que l’un des anciens mouvements rebelles hutus, le FNL, (Front national de libération) avait repris la lutte armée depuis la province de Bujumbura rural et au départ du Sud Kivu voisin, le régime issu des élections de 2010 s’efforce d’accueillir des transfuges et de garantir leur réinsertion pacifique.

Maigres, le pantalon tombant sur les chevilles, les yeux écarquillés devant la foule et les tambours convoqués pour les accueillir, plus d’une centaines de jeunes maquisards ont solennellement renoncé à la lutte armée le dimanche 20 février dernier. Ils ont ainsi rejoint l’aile « légaliste » du mouvement, et abandonné Agathon Rwasa, le redoutable chef de guerre toujours retranché dans son maquis. Sous les applaudissements de la foule, les combattants ont rappelé leurs faits d’armes : l’attaque contre l’aéroport de Bujumbura en 1998,, des actes de guerilla à Rucoco, des poches de résistance dans la forêt de la Kibira…Appartenant à l’aile dure de l’opposition hutue, ces démobilisés ont interdit aux autres partis  politiques de parler en leur nom et assuré qu’ils alliaient tenter de rallier les suffrages de l’opinion, mais de manière pacifique cette fois et non plus par la violence et la terreur.

Cette pacification soudaine a  peut-être été forcée. Défié par le FNL, le parti au pouvoir FDD-CNDD (Forces de défense de la démocratie) issu lui aussi de la lutte armée, n’a pas travaillé dans la dentelle : les organisations de défense des droits de l’homme assurent que, pour décapiter cette nouvelle guérilla en gestation, plus de 200 exécutions extrajudiciaires ont été comptabilisées en 2011 et il n’a pas été rare de voir des corps flotter sur le lac Tanganyika……

Reconduit au pouvoir en 2010, à l’issue d’élections qui avaient été boycottées par l’opposition, le CNDD exerce un contrôle presque total sur le pays, mais son succès repose en grande partie sur la personnalité du président Pierre Nkurunziza. Cet ancien professeur d’éducation physique se distingue de tous ses prédécesseurs à la tête de l’Etat : chaque semaine, durant trois ou quatre jours, il quitte Bujumbura, parcourt les  collines de l’intérieur du pays, va dormir dans les villages. Il écoute alors les doléances des paysans, serre les mains et surtout, participe à des travaux communautaires, obligatoires chaque samedi matin.

Lorsque nous l’avons retrouvé à Gihanga, à Bujumbura rural, le chef de l ‘Etat payait de sa personne :  il aidait à la construction d’un village où allaient être regroupés des paysans naguère dispersés sur les collines. Chaque famille ayant du cuire ses briques et édifier les murs, c’est l’Etat qui avait fourni les tôles, promis l’adduction d’eau, l’électricité, l’école gratuite, les soins gratuits pour les jeunes accouchées. Nkurunziza, lui, a cloué une tôle sur un toit, fabriqué du ciment,  planté un arbre, transporté des briques. Des gestes très concrets, très symboliques aussi, signifiant que tous les Burundais doivent participer à la construction de leur pays.  Si les intellectuels de la capitale crient au populisme et, le samedi matin, préfèrent la grasse matinée au travail communautaire, dans les campagnes l’engouement est bien réel : entre 2007 et 2011, 2500 écoles ont été construites (contre 1900 depuis l’indépendance..) les centres de santé se multiplient, la reforestation est une réalité. Malgré la crise, le Burundi se métamorphose et, à la veille de célébrer un demi siècle d’indépendance, le président a convoqué une Commission Vérité et Réconciliation, où tous, Hutus et Tutsis, seront invités à prendre la parole et à remettre à plat une histoire qui, jusqu’à présent, a été jalonnée de massacres commis par toutes les parties en présence et qui ont fait plus de 300.000 morts…

blog.lesoir.be/colette-braeckman/2012/02/27/burundi-un-president-qui-paie-de-sa-personne/#more-1336

Posté par rwandanew