Maxime Bergeron, envoyé spécial
(Kigali, Rwanda) Leurs parents et grands-parents ont fui le Rwanda à partir de 1959. Ils sont nés au Kenya ou en Ouganda et ont vécu une partie de leur vie au Canada. Tous ont choisi de venir s’installer au pays des mille collines au cours des dernières années pour prendre part à sa renaissance économique.
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1- Anne Mazimhaka, Cofondatrice et directrice artistique de la boîte de relations publiques Illume
Après avoir grandi à Saskatoon, vécu à Montréal et étudié le droit à Londres, la jeune femme de 34 ans rêvait de travailler pour l’ONU. Elle a cependant ressenti le besoin de faire un métier «plus créatif», ce qui l’a amenée à cofonder sa boîte de relations publiques à Kigali, qui produit notamment des contenus pour MTN et Google sur le web. Les affaires sont bonnes pour la PME, décorée d’oeuvres d’artistes locaux. «C’est excitant d’être ici, on voit beaucoup de choses qui bougent très vite. Mais même si le pays va de l’avant, on sent qu’il ne pourra jamais oublier…»
2- Jacqui M. Sebageni, Fondatrice de Thousand Hills Expedition
Son agence de voyages, nichée dans les collines luxuriantes de Kigali, est entourée d’arbres fruitiers. Après avoir vécu et travaillé à Montréal de 1991 à 2004, la femme d’affaires est venue passer un entretien d’emploi «presque à reculons» au Rwanda. Un choc. «Je sentais vraiment que je revenais à la maison. Ç’a été très spontané. Je suis revenue à Montréal et j’ai tout emballé.» En huit ans, son agence est passée de 2 à 22 employés et a ouvert des bureaux dans deux pays voisins. Les affaires et la vie sont très bonnes, mais Mme Sebageni admet que son fils de 16 ans, «un vrai Montréalais», s’ennuie de la métropole québécoise.
3- Yolande Makolo, Directrice générale des communications au bureau de président Kagame
Cette grande admiratrice de la chanteuse Lynda Lemay, qui a vécu à Montréal et Toronto, ne souhaitait pas vivre dans un pays «où tant de violence s’est produite». Puis le 11 septembre 2001 est survenu, éveillant en elle le désir de prendre part à «une communauté». Après avoir refusé un emploi d’une ONG nord-américaine qui lui offrait un salaire «pathétique» à Kigali, Mme Makolo est allée travailler pour le gouvernement rwandais, où elle a gravi les échelons. «C’est fantastique de faire partie d’un continent en pleine transformation. Je suis très optimiste par rapport au continent.» La jeune femme, qui vient de se marier et d’avoir un bébé, entend bien faire sa vie au Rwanda.
4- «Doudou», Homme d’affaires et propriétaire du restaurant Republika
C’est le propriétaire du Republika, le restaurant le plus branché de Kigali où l’élite locale se réunit les week-ends. L’homme d’affaires, que tout le monde appelle «Doudou» ici, a vécu à Montréal, Toronto et Ottawa pendant les années 80 et 90. «Je suis revenu ici juste après le génocide. Je devais retourner au Canada, mais je me suis dit: comment je pourrais retourner au Canada quand mon peuple se meurt? Donc je suis resté.» Le Rwandais a lancé il y a huit ans son resto à thématique africaine, qui connaît un grand succès auprès des employés d’ONG, encore nombreux à Kigali. «Des gens appellent souvent de Washington pour réserver!»
5- Yvonne Manzi Malolo, Directrice du marketing MTN
La dynamique trentenaire a vécu au Canada de 1995 à 2003 et étudié l’environnement à l’Université McGill. Elle est revenue au Rwanda en 2003 grâce à un poste à la Banque mondiale, puis n’est jamais repartie. Elle s’étonne encore aujourd’hui du rythme auquel les choses bougent ici. «Ça change chaque jour, il y a toujours quelque chose de nouveau quand on se promène dans la ville. La classe moyenne est en train de croître tranquillement. Avant, il n’y avait que les riches et les pauvres; maintenant, il y a de plus en plus de jeunes professionnels.»
Posté par rwandanews