Les leçons de l’Histoire pour un avenir meilleur

 
Il y a 18 ans, le Rwanda était à la veille de connaitre le dernier génocide du XXème siècle. Chaque année, le temps des commémorations est aussi celui de la mémoire, de la réflexion et du partage. De cette tragique expérience, la nation rwandaise est sortie plus forte et plus unie.

Une tragédie annoncée

Le Génocide des Tutsi avait été annoncé par une série de signaux précurseurs qui ne laissaient aucun doute sur l’intention des criminels. Depuis l’indépendance du Rwanda en 1962, une politique de discrimination systématique avait été encouragée. Le pays avait connu des flambées de violence épisodiques avec des massacres localisés de Tutsi. Dans ce contexte très dégradé, les observateurs internationaux avaient qualifié ces exactions de frictions internes, sans admettre pour autant un réel risque de destruction de masse.
Il ne fait aucun doute que le Génocide des Tutsi avait été préparé, planifié et organisé de longue date. Tous les observateurs et les témoins ont rapporté que les commanditaires étaient identifiés, que les armes étaient distribuées, que les meneurs étaient prêts à passer à l’action. En janvier 2012, un rapport remis dans le cadre de l’enquête ordonnée par le Juge Français Marc Trévidic a confirmé cette certitude: un complot politique a été à l’origine de l’attentat du 6 avril 1994 qui a déclenché les massacres systématiques.

Le Génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda s’est donc déroulé en direct. Il a été filmé et commenté jour après jour par des journalistes venus du monde entier. Jamais auparavant, un massacre de cette ampleur avait reçu une telle couverture de presse. Les images ont fait le tour du monde et elles sont encore dans toutes les mémoires. Passive, impuissante et parfois complice, la communauté internationale n’a pas pu arrêter un crime contre l’humanité dont chacun mesurait l’étendue.

Un désastre sans précédent

Du 7 avril au 4 juillet 1994, le Génocide des Tutsi du Rwanda a fait 1.074.017 victimes dont 934.218 nommément identifiées. Plus de la moitié des victimes étaient des jeunes de 0 à 24 ans. Ce massacre visait un anéantissement définitif. En frappant même les plus vulnérables, les génocidaires ont entrepris un « nettoyage ethnique » délibéré et systématique.
Jamais le monde n’avait connu un massacre de cette dimension dans un temps aussi court. En 100 jours, ce pays de la taille de la Belgique et un peu plus peuplé a été dévasté par une violence qui a frappé partout en même temps. Toutes les infrastructures de base ont été détruites. Les administrations et les services publics ont été mis hors d’état de fonctionner. La prod
uction a été arrêtée, les commerces ont fermé et la vie économique est restée suspendue. Le Rwanda a perdu une génération d’intellectuels, d’enseignants, de médecins, d’ingénieurs et d’entrepreneurs. Dans ce chaos total et sans précédent dans l’histoire du pays, le Rwanda a bien failli disparaitre.
Le coût humain du Génocide est effroyable. Au lendemain de la tragédie, il faut recenser les morts, les vivants et les disparus. Des millions de réfugiés errent sur les routes. Les familles dispersées cherchent leurs proches. Le pays se retrouve avec 60 000 veuves, plus de 600 000 orphelins et des centaines de milliers d’handicapés. Des milliers d’enfants devenus chefs de famille sont démunis de tout. Des milliers de vieillards isolés et de malades abandonnés sont sans aucune ressource. La violence contre les femmes a propagé une épidémie de SIDA. Dans plusieurs provinces, la famine menace. Il faut faire face et surmonte
r le traumatisme.

Force et Réconciliation

Meurtrie et éprouvée, la société rwandaise a vacillé mais elle a résisté. Cette résilience exceptionnelle lui a permis de dépasser la douleur. Le Rwanda est sorti uni par la tragédie et renforcé par l’épreuve. C’est dans l’harmonie retrouvée que les Rwandais ont reconstruit leur communauté nationale.
La réconciliation était nécessaire. Elle a été menée avec patience, dans le respect des victimes et dans la compassion pour les rescapés. En mettant face à face les survivants et les bourreaux, les tribunaux populaires Gacaca ont joué un rôle exemplaire. Ils ont libéré la parole, évité la vengeance et apaisé le ressentiment. Des principes de juste expiation et de réparation équitable ont permis de rétablir la confiance.
A cet égard, l’histoire du Génocide anti-Tutsi nous montre que sans réconciliation, rien n’est possible. Trop de pays ont tenté de surmonter la division sans engager le dialogue. Quand les plaies restent vives et que les esprits sont toujours braqués, le risque d’un affrontement reste réel. Pour tous le
s peuples meurtris par la division, la cohésion nationale du Rwanda est devenue une référence. Elle témoigne que pour avancer tous ensemble, il faut regarder dans la même direction.

Courage et Détermination

Tous ensemble, les Rwandais ont donc reconstruit leur pays. A l’été 1994, compte tenu de l’ampleur des destructions, les prévisions les plus optimistes indiquaient qu’il faudrait 20 ans pour retrouver une vie économique normale. En effet, l’inventaire des destructions du Génocide a fait apparaitre les conséquences d’une guerre civile de cinq années. Sans équivalent du Plan Marshall et alors que la communauté internationale était mobilisée sur la sortie de crise dans les Balkans, le Rwanda s’est relevé de ses ruines.
Contre toute attente, la génération du Génocide a aussi été une génération de pionniers et de bâtisseurs. En adhérant pour la première fois à un projet commun, les Rwandais ont démontré que le résultat de l’action collective est supérieur à la somme des efforts individuels. En travaillant cote à cote avec une nouvelle solidarité, les Rwandais ont mobilisé toute l’énergie qui était nécessaire. Avec détermination et courage, ils ont réussi non seulement à reconstruire mais ils ont aussi considérablement progressé.

Le niveau économique d’avant 1994 a été rattrapé en 5 ans. La décennie qui a suivi l’an 2000 a été celle de la modernisation. La décennie actuelle est celle du décollage. Depuis 2000, la Vision 2020 précise l’orientation que le Rwanda doit prendre pour entrer dans le groupe des pays à revenus intermédiaires. Aujourd’hui, le pays se développe rapidement en s’alignant sur les meilleurs standards. Sa stratégie de développement conjugue efficacement des principes de bonne gouvernance, d’ouverture économique et de progrès social. Le Rwanda est déjà considéré comme l’un des nouveaux « champions Africains » qui émergent sur le continent
L’histoire douloureuse du Rwanda nous a laissé en héritage un message universel. Les Rwandais sont les témoins du triomphe de la fraternité sur la division et du courage sur le désespoir. Ils nous invitent donc à tirer les leçons de l’Histoire pour construire un avenir meilleur

Pour voir la vidéo de Lille: http://www.rwandaises.com/2012/06/18-eme-commemoration-du-genocide-des-batutsi-du-rwanda-a-lille/

www.ambarwanda.be/index.php?option=com_content&view=article&id=225%3Ainvitation&catid=37%3Ainformation&Itemid=1&lang=fr

Posté par rwandaises.com