Burundi news, le 01/07/2012

Par Libérat Ntibashirakandi

Les festivités du cinquantenaire divisent les Burundais. Certains se demandent s’il faut réellement fêter en grande pompe 50 ans d’indépendance dans un pays qui est à « la croisée des chemins », qui ne respecte pas les droits de l’homme, qui dépend à plus de 50% de l’aide extérieure, où les malades sont emprisonnés dans les hôpitaux suite à leur incapacité de payer les frais d’hospitalisation et des différentes prestations des médecins, etc. D’autres sont favorables aux festivités en grande pompe.

A tous mes compatriotes qui se posent de telles questions, je leur dirai fêtons en toute modestie ce cinquantenaire par respect de nos vaillants aïeux qui ont mené une lutte longue et acharnée pour arracher cette autodétermination. Le fer de lance de ce noble combat reste sans nul doute le Prince Louis Rwagasore et ses compagnons de lutte nationalistes. Ces Hérauts ont abattu un travail titanesque. Ils ont droit au respect et à l’honneur. Mais rien ne nous empêche de nous poser certaines questions : qu’avons-nous fait de cette indépendance? Oui, 50 années se sont déjà écoulées ! Qu’avons-nous fait et appris au cours de ces 50 dernières années ?

La majorité des Burundais ont-ils réellement profité de cette souveraineté nationale? Quelle est la meilleure voie de l’avenir du Burundi tenant compte de l’histoire récente et ancienne de ces 50 dernières années ? Que faire pour que ce cinquantenaire puisse être un nouveau départ vers une paix durable ; une unité véritable et une réconciliation véritable en paroles et en actes ; une sécurité pour tous les Burundais ; une justice équitable sans faille et sans politique de deux poids, deux mesures ; un état de droit dans son vrai sens du terme ; une gestion saine de la chose publique ; la relance et la croissance soutenue de l’économie burundaise ; une éducation de qualité ; une maîtrise de la croissance démographique ; une politique agricole bien pensée qui libère les terres et modernise l’agriculture ; un leadership éclairé, bien entouré et bien conseillé ; bref, vers l’excellence dans tous les choix et décisions de reconstruction durable du Burundi ?

La seule voie porteuse d’espoir au peuple burundais dans son ensemble au lendemain des festivités du cinquantenaire est la voie tracée par le Prince Louis Rwagasore et reprise dans son  discours programme et historique prononcé le 19 septembre 1961 au lendemain de la victoire de l’UPRONA aux élections législatives.

Le Prince Louis Rwagasore : un véritable patriote visionnaire et rassembleur.

« Mais le vainqueur et le perdant sont tous des Barundi, membres de la même famille nationale, enfants d’un même Mwami. Le Burundi a besoin de tous, à quelques partis politiques qu’ils appartiennent. C’est pourquoi, mes chers compatriotes, la victoire électorale d’aujourd’hui n’est pas celle d’un parti mais le triomphe de l’ordre, de la discipline, de la paix, de la tranquillité publique. »

Et d’ajouter « Il faut surtout que les habitants du Burundi se sentent en paix et en sécurité, que personne ne se croit menacer et que chacun ait confiance dans la protection du Gouvernement. C’est pourquoi ce Gouvernement qui sera formé bientôt aura comme premier devoir de sévir sévèrement contre tout fauteur des troubles, les irresponsables quels qu’ils soient. J’exhorte surtout plus spécialement les partisans et amis de l’UPRONA à se montrer dignes de la victoire du Parti. Les militants actifs doivent agrandir le cercle de nos amis, tendre loyalement et cordialement la main aux adversaires d’hier et non étaler de l’orgueil ou de l’insolence. »

Ces paroles nobles font référence aux préalables d’une politique de reconstruction et de développement intégral du Burundi. Ces préalables sont toutes les questions reprises dans l’accord de paix et de réconciliation d’Arusha : unité des Burundais dans la diversité politique, ethnique, religieuse et régionale ; la réconciliation nationale, la paix et la sécurité pour tous les burundais sans distinction aucune, une justice sociale équitable pour tous, le respect du droit à la vie, etc.

Malgré ces célèbres propos dont se gargarisent souvent tous les responsables burundais, le fouet du colon a été remplacé par le pistolet silencieux, la machette, les grenades qui ont déjà emporté plusieurs burundais sans distinction d’ethnie, de religion, de clan, de parti politique, etc. Les Forces de Défense et de sécurité qui sont censées protéger les citoyens burundais ont-elles toujours remplie correctement leurs missions au cours de ces 50 dernières années ? N’ont-elles pas abusée de leurs pouvoirs pour commettre des forfaits inacceptables dans un pays soit disant libre et démocratique ? Les fils et filles de notre beau pays le Burundi n’ont-ils pas pris le chemin d’exil suite à leur sécurité physique menacée par leurs frères de la même Patrie ?

La commémoration du 50ème  anniversaire de l’indépendance nationale de ce 1er juillet 2012 s’organise donc dans un contexte historique particulier pour le Burundi, « croisée des chemins ». Malgré ce contexte particulier, nous avons le devoir de fêter mais modestement par respect du héros de l’indépendance le Prince Louis Rwagasore et de ses compagnons de lutte tant burundais qu’européens, connus ou pas connus pour avoir lutter main dans la main pour la souveraineté nationale.

« Car sans autorité forte, aucun pays ne connaît l’ordre, la paix, la tranquillité. Sans autorité forte, point de progrès. C’est aussi le triomphe de la démocratie telle que le peuple murundi la comprend et la veut, c’est-à-dire la véritable justice sociale plutôt que des formes extérieures d’une démocratie de surface.».

Le Prince Louis Rwagasore,  leader charismatique et sensible aux préoccupations de la population.

« L’heure est arrivée de se pencher sur les véritables problèmes de la nation : problèmes économiques surtout, problèmes de la terre et de l’émancipation sociale du petit peuple, problèmes de l’enseignement et tant d’autres, auxquels nous cherchons et trouverons des solutions qui nous sont propres. ».

Cette phrase du Prince résume parfaitement bien sa vision socio-économique du Burundi et son programme de développement. La croissance économique est aujourd’hui au ralenti, on dépense sans produire, une intégration sous régionale mal négociée, le chômage de jeunes diplômés ne cesse d’augmenter, un mauvais choix de politique agricole, conflits fonciers sont devenus un casse-tête, le désordre total dans l’enseignement de base et secondaire ne cesse de s’installer suite à des réformes fantaisistes sans aucune innovation en matière de projet pédagogique de l’école, la démographie galopante suite à des mesures louables prises envers les enfants et les mères avec un message d’accompagnement lancé tardivement, de bonnes politiques et visions non suivies et non converties en des projets réalisables. Et pourtant,  la majorité des Burundais attendaient les dividendes de la paix et de la démocratie à l’issue des élections de 2005. La faim, la maladie, le chômage des jeunes, l’injustice sociale, l’insécurité des biens et des personnes, le faible pouvoir d’achat des fonctionnaires, la baisse du niveau des élèves du secondaire et des étudiants des universités burundaises, etc. sont autant de problèmes que les Burundais vivent au quotidien.

Le Prince Louis Rwagasore comme véritable Père de la Nation.

« Le Comité National de l’UPRONA sera sans pitié pour ceux de ses partisans qui ne respectent pas ce mot d’ordre impératif de courtoisie, de tolérance et de respect d’autrui, car le Parti ne tolérera pas que le prestige, l’honneur et l’avenir de la Patrie soient compromis par des paroles ou des gestes irréfléchis de quelques exaltés. »

Les Burundais avons assisté au cours des 50 dernières années à la violation massive des droits de l’homme, aux actes de génocide, aux assassinats ciblés, aux emprisonnements arbitraires, à la création des milices, etc. Plus de « courtoisie, de tolérance et de respect d’autrui ». « Le prestige, l’honneur et l’avenir de la Patrie sont compromis » chaque jour en paroles et en actes. Les différents cycles de violence qu’a connus le Burundi, le détournement des deniers publics, la corruption, le clientélisme qui sont devenus un mode de gouvernement au Burundi, le non-respect des lois et des accords signés etc. en sont des preuves irréfutables du « prestige, de l’honneur et de l’avenir de la Patrie » qui sont bien compromis.

« Aux voleurs, agresseurs et bandits de toute espèce, nous annonçons une répression énergique et impitoyable, un châtiment dont ils se souviendront.» Le banditisme, les agressions et le lancement des grenades auxquels on a assisté au Burundi compromettent l’honneur et l’avenir de la patrie. Un droit élémentaire de l’homme, c’est bien le droit à la vie. Beaucoup de vies humaines ont été emportées et continuent d’être emportées par la barbarie humaine sans que les agresseurs ne soient identifiés et châtiés.

Le Prince Louis Rwagasore rêvait d’un Burundi paisible, heureux et prospère.

« A cette heure de la victoire du Parti, fût-il le mien, je ne suis pas grisé par le succès, car pour moi et mes amis, la véritable victoire ne sera atteinte qu’après l’accomplissement d’une tâche difficile mais exaltante ; un Burundi paisible, heureux et prospère. » « Un Burundi paisible, heureux et prospère » ne sera possible que si la loi et tous les accords signés sont respectés, si la loi du plus fort est bannie au Burundi, s’il n’y a plus de Burundais qui s’autorisent d’être au dessus de la loi. « Un Burundi paisible, heureux et prospère » ne sera possible que si la justice n’est pas téléguidée et est réellement indépendante, si le pays se dote d’une très bonne vision de paix, de démocratie rassurante pour tous les burundais, de justice sociale équitable et des idées innovatrices de développement intégral du Burundi. « Un Burundi paisible, heureux et prospère » ne sera possible que si le Burundi opte pour une politique de dialogue franc, sincère et permanent pour régler tous les différents ou malentendus de tout processus de démocratie consociative tel qu’il a été négocié, convenu et signé à Arusha.

Le Prince Louis Rwagasore diplomate et bon stratège.

« Nous ouvrons nos bras à tous ceux qui veulent collaborer avec franchise et bonne foi. Nous sommes des hommes d’honneur, des hommes réfléchis et calmes et nous voulons donner au peuple ce qu’il lui a été promis. » Tisser des relations d’amitié avec les autres pays et organisations internationales comme les Nations Unies sans hypothéquer les intérêts du Burundi est une des voies pour redorer l’image du Burundi et attirer des capitaux. La bonne gouvernance et une très bonne image dans le concert des Nations restent la seule voie d’éviter de se brouiller avec le reste du monde, d’attirer des investisseurs, capitaux et touristes.

« J’exhorte surtout plus spécialement les partisans et amis de l’UPRONA à se montrer dignes de la victoire du Parti. Les militants actifs doivent agrandir le cercle de nos amis, tendre loyalement et cordialement la main aux adversaires d’hier et non étaler de l’orgueil ou de l’insolence. »

Le Prince Louis prêchait toujours par l’exemple. Il avait agrandi son cercle des amis. Les plus connus sont Mwalimu Julius Nyerere, Patrice Lumumba, etc. Parmi ses amis, des européens et en particulier des belges. Par ceux-là, Monsieur Léon Tondeur qui était un grand ami du Prince Louis Rwagasore, membre d’honneur du parti UPRONA (carte de membre n°4). Monsieur Léon Tondeur était en route vers Bujumbura de retour d’une mission officielle aux Etats Unis quand il a appris que son ami et Prince Louis Rwagasore a été lâchement assassiné. Léon Tondeur a décidé de ne plus retourner au Burundi.

Décédé en janvier 2007, Monsieur Léon Tondeur aurait souhaité que ses cendres soient dispersées sur la tombe du Prince mais ils ont été finalement dispersés dans le lac Tanganyika.

Le Prince Louis Rwagasore, grand homme de ce monde.

Le Prince Louis Rwagasore est un des grands hommes qui ont changé le monde. Le Prince Louis Rwagasore a changé l’histoire du Burundi en luttant pour son indépendance. Aux générations actuelles et futures de lutter pour que le Burundi soit un pays de lait et de miel, « un Burundi paisible, heureux et prospère» tant rêvé par le Prince Louis Rwagasore. C’est la seule voie de sauver, d’honorer et de sauvegarder son héritage.

Si par miracle le Prince Louis Rwagasore revenait sur terre à Bujumbura et apparaissait en pleines festivités du cinquantenaire ce 2 juillet 2012, quel est le message livrerait-il aux burundais et aux générations futures ? Je ne doute pas, il s’adresserait à son peuple : « sauvegarder mon héritage et faites je vous en prie pour que le Burundi soit paisible, heureux et prospère en contribuant au retour de la paix  par un dialogue franc et sincère entre les partenaires politiques, en réconciliant les Burundais, en remettant la démocratie sur les rails en paroles et en actes, en reconstruisant un véritable état de droit basé sur une justice sociale équitable pour tous les citoyens burundais, en bannissant le clientélisme, le népotisme, la corruption et autres fléaux qui hypothèquent l’image du Burundi dans le concert des Nations, en relançant la croissance économique et  la reconstruction intégrale de Notre Chère Patrie pour qu’enfin chaque citoyen burundais retrouve les dividendes de la paix, de cette démocratie tant souhaitée par la majorité des citoyens burundais et plus particulièrement les plus démunis qui sont souvent victime de la loi de la jungle et de la barbarie humaine auxquelles nous assistons depuis belle lurette ».

Dans quelques heures nous chanteront l’hymne national « Burundi Bwacu » la main sur le cœur ! Nous écouterons le legs du Prince Louis Rwagasore, son discours programme et historique prononcé le 19 septembre 1961 au lendemain de la victoire de l’UPRONA aux élections législatives. Puisse ce cinquantenaire éclairer les dignitaires pour qu’ils s’approprient  son contenu en paroles et en actes. Que tous les Barundi oublient ceux qu’ils divisent pour rendre hommage au Prince Louis Rwagasore, malgré son jeune âge a été à la hauteur de la lourde et difficile mission de mener une lutte pour l’indépendance nationale. Cette lutte lui a coûté sa vie ainsi que celle de ses enfants ne devrait pas prise à la légère et devait plutôt inspirer les autorités burundaises pour qu’ils marquent un nouveau départ et canalisent les forces du peuple burundais vers un avenir radieux, « Un Burundi paisible, heureux et prospère »

Mes pensées vont à l’endroit de toute la famille du Prince Louis Rwagasore,  en particulier, son père le Roi Mwambutsa avec qui, il avait instauré une complicité sans faille ;  sa femme qui est tombée dans les oubliettes, les membres de son gouvernement qui ont assisté à son assassinat. Mes pensées vont également à l’endroit de tous ses amis d’enfance, Monsieur Léon Tondeur et sa famille,  à tous ces hommes et femmes burundaises, plus particulièrement musulmanes qui ont fourni de l’aide tant matérielle que moral au Prince Louis Rwagasore dans son combat pour la liberté.

PUISSE CE CINQUANTENAIRE ETRE UN DECLIC VERS UN NOUVEAU DEPART : UN PEUPLE BURUNDAIS UNI, SECURISE, PROSPERE, FIER, VERITABLEMENT LIBRE ET INDEPENDANT.

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Posté par rwandaises.com