Manifestation de jeunes à Goma lundi 9 juillet. Photo de notre Observateur Alain Wandimoyi.
Alors que les mutins du Mouvement du 23-Mars (M23), des Tutsis congolais, se rapprochent de Goma, un climat de panique s’est emparé de la capitale du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo. Plusieurs dizaines de Rwandais, étudiants et commerçants en RDC, ont été rapatriés d’urgence de l’autre côté de la frontière lundi, après avoir été molestés par de jeunes Congolais en colère qui menacent de traquer « tous les Rwandais croisés sur leur passage ».
La situation était explosive lundi à Goma, où des jeunes en colère ont manifesté pour réclamer des armes aux autorités afin de combattre les rebelles du M23 aux côtés de l’armée congolaise. Ce groupe accuse par ailleurs les Rwandais de Goma d’être les complices des mutins.
Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, s’est empressé de dénoncer ces « tentatives d’intoxication à base ethnique » imputées à un groupe de jeunes « motards ».
Depuis un mois, Kinshasa accuse son voisin rwandais de soutenir la rébellion du M23. Cette mise en cause diplomatique, relayée par des rapports de l’ONU et de l’organisation Human Rights Watch, pourrait expliquer certains amalgames au sein de la population, intercommunautaire dans cette province du Nord-Kivu. En effet, de nombreux Rwandais traversent la frontière tous les jours pour se rendre à Goma, que ce soit pour exercer une activité économique ou suivre des études à l’université.
Après leur avancée fulgurante sur plusieurs localités du Nord-Kivu, les rebelles du M23 seraient sur le point de conquérir Goma. C’est en tout cas la crainte du gouvernement de Kinshasa et de l’ONU, qui ont décidé de dépêcher des renforts de soldats et de Casques bleus sur place, afin de contrer une éventuelle offensive.
Manifestation de jeunes à Goma lundi 9 juillet. Photo de notre Observateur Alain Wandimoyi.
Depuis le mois d’avril, les FARDC (les Forces armées de la RDC) traquent les rebelles du M23, un mouvement constitué d’anciens combattants de la rébellion tutsie congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrés à l’armée régulière en 2009. Les mutins, qui ont fait défection en avril, réclament la pleine application des accords de paix signés il y a trois ans avec le gouvernement congolais et dénoncent des problèmes de salaires, de nourriture, de santé, d’obtention de grades et de fonctions.
Contributeurs
« Nous prenons le soin d’éviter certains quartiers de Goma où l’on craint de croiser des gens qui pourraient s’en prendre à nous »
Mutembo (pseudonyme) est étudiant en informatique à l’université de Goma (Unigom). Il habite dans la ville frontalière de Gisenyi au Rwanda, à 40 minutes à pied de Goma.
Dès 8 h du matin, on a entendu qu’un groupe de jeunes et des motards allaient marcher dans les rues pour chasser les Rwandais présents à Goma. On m’a dit qu’ils menaçaient de s’en prendre à nous car nous sommes Rwandais, et qu’ils disent que le Rwanda soutient le M23. J’étais près de l’Unigom et je les ai vus arriver. Ils étaient très en colère et ont commencé à lancer des pierres sur les étudiants rwandais, en criant qu’ils s’attaqueraient à tous les Rwandais qu’ils croiseraient sur leur passage. Très vite, d’autres étudiants se sont manifestés pour nous protéger. Puis les policiers sont rapidement intervenus. Ils sont arrivés à temps et ont dispersé les protestataires. Ils ont transporté les étudiants rwandais qui le souhaitaient dans leur véhicule jusqu’à « grande barrière » [un poste frontière de Goma, ndlr]. Là, des policiers rwandais ont pris le relais et nous ont ramenés chez nous à Gisenyi. J’ai eu très peur, mais le calme est vite revenu.
Ce matin, j’ai pu retourner à l’université et tout s’est bien passé. Nous prenons juste le soin d’éviter certains quartiers de Goma où l’on craint de croiser des gens qui pourraient s’en prendre à nous.
observers.france24.com/fr/content/20120710-rdc-goma-kivu-mutins-m23-armee-population-rwandais-etudiants-menace-cible
Posté par rwandaises.com