Environ 600 combattants du M23 venus de l’est de la République démocratique du Congo ont trouvé refuge au Rwanda voisin, fuyant les combats avec une faction rivale de la rébellion.

Par AFP
Libération

Des centaines de combattants du Mouvement du 23 mars (M23) venus de l’est de la République démocratique du Congo ont trouvé refuge au Rwanda voisin, fuyant les combats avec une faction rivale de la rébellion fidèle au général Sultani Makenga : «environ 600 combattants» fuyant les combats entre rebelles du M23 ont traversé la frontière dans la nuit de vendredi et sont arrivés dans le «nord-ouest du Rwanda», où ils ont été désarmés, a annoncé dans un communiqué le gouvernement rwandais.

Ce chiffre a été confirmé à l’AFP par le colonel Séraphin Mirindi, l’un des cadres militaires du M23 en fuite, précisant que «640 soldats» de ce groupe avaient fui au Rwanda dans la nuit de vendredi à samedi. Plusieurs officiers figurent parmi ces réfugiés, dont Jean-Marie Runiga, le président politique du M23, déchu par les proches du chef militaire Sultani Makenga.

«Je suis ici car la situation sur le terrain s’était dégradée (…). J’ai préféré sauver ma vie», a déclaré Jean-Marie Runiga dans le camp de transit de Nkamira, au cours d’un entretien avec la presse organisé par les autorités rwandaises. «Tant que je suis ici, je ne peux pas faire de politique. (…) Pour le moment je suis ici car je sais que je peux y trouver un asile», a-t-il expliqué. «On s’est battu et on s’est retrouvé ici à cause du manque de munitions. (…) C’est un repli technique pour faire soigner nos blessés et mettre fin à la guerre entre frères», a justifié pour sa part le colonel Baudouin Ngaruye, l’un des chefs militaires de l’aile Runiga.

12 000 personnes en fuite

Depuis la signature le 24 février d’un accord-cadre de l’ONU pour la pacification de l’est congolais, signé par onze pays africains, des combats ont opposé dans la province du Nord-Kivu les factions pro-Makenga et les pro-Runiga, les deux principales composantes du M23. A la base de la scission: un chapelet d’accusations. Makenga accuse Runiga de soutenir le général en fuite Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale (CPI). Runiga a accusé Makenga d’avoir pactisé avec le chef de l’Etat, Joseph Kabila, pour «torpiller» des pourparlers de paix en cours à Kampala.

Après une brève accalmie, les combats ont repris le 9 mars aux alentours de la base militaire de Rumangabo, fief du général Makenga, et de Kibumba, nouveau quartier-général de Jean-Marie Runiga. Ces affrontements ont poussé près 12 000 personnes à quitter leurs maisons et villages, selon l’ONU. Les combats de ces derniers jours, violents, ont permis aux fidèles du général Makenga de «mettre hors d’état de nuire l’ensemble du groupe d’indisciplinés», et de prendre le contrôle de «tout l’étendue de l’espace investi par les malfrats».

Cette offensive a également eu pour conséquence le retour dans les rangs du M23 pro-Makenga «d’une vingtaine d’officiers et des plusieurs centaines» de soldats du groupe rival. Face à la débâcle des pro-Runiga, les «Makengistes» ont donc annoncé la «fin des opérations militaires», dont l’un des objectifs affichés était notamment la capture du général Bosco Ntaganda pour le transférer à la CPI. Ils n’ont donné samedi aucune information sur le sort de Ntaganda.

Appel vibrant

Satisfaits mais frustrés, les pro-Makenga ont regretté que «certains officiers, soldats et cadres politiques» de la faction rivale ont fait le choix de «s’exiler au Rwanda voisin ou de se réfugier» auprès de la Mission de l’ONU (Monusco). Le groupe a lancé «un appel vibrant» pour que ces rebelles en fuite «regagnent le mouvement, où des mesures exceptionnelles ont été prises pour les accueillir, garantir leur sécurité et poursuivre ensemble la lutte (…)».

L’armée gouvernementale congolaise combat le M23 depuis mai 2012 dans la province riche et instable du Nord-Kivu. Ce groupe rebelle, majoritairement tutsi rwandophone, réclame entre autres la pleine application de l’accord du 23 mars 2009 sur la réintégration de ces hommes dans l’armée. Des experts de l’ONU accusent le Rwanda et l’Ouganda voisins de le soutenir, ce que ces deux pays réfutent. Depuis décembre, de laborieux pourparlers de paix sont en cours à Kampala, capitale de l’Ouganda, médiateur de la crise pour la région des Grands Lacs

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Posté par rwandaises.com