Avec la validation, le 19 mars, de l’expertise de l’attentat contre le président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, l’étau se resserre autour de l’ex-capitaine de gendarmerie Paul Barril. Une expertise dont le contenu mettait en pièces, grâce à un collège d’experts, la version imputant l’attentat au Front patriotique rwandais de l’actuel président rwandais.
Devenu mercenaire et traficants d’armes, Barril a été la cheville ouvrière d’une vaste manipulation qui a consisté d’abord, dès 1998, à entraver la mission d’information parlementaire enquêtant sur le rôle de la France dans le génocide rwandais. Un contre-feu judiciaire qui avait pour seul objectif de protéger les véritables instigateurs de l’attentat contre le président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, en 1994. C’est-à-dire les extrémistes hutus au cœur du pouvoir dont une figure importante n’était autre la femme du président, Agathe Habyarimana, toujours réfugiée en France et pour qui Barril travaillait.
L’autre enjeu était aussi de constituer un épais rideau de fumée pour dissimuler les complicités françaises au plus niveau de l’Etat. Le résultat a été à la hauteur de la réputation sulfureuse de Barril. Pas une étape de l’instruction du juge Bruguière sans que l’ex-capitaine n’y aille de sa désinformation pour orienter à sa guise l’enquête. Au point de s’interroger sur les capacités professionnelles du juge Bruguière qui n’a jamais jugé utile d’enquêter au Rwanda, ne prenant aucune distance avec un Barril dont les accointances avec le gouvernement génocidaire étaient connues et qui a même accepté comme traducteur, Fabien Singaye, vieille connaissance de Barril, ex-barbouze rwandaise, gendre du financier du génocide et qui vit aujourd’hui en banlieue parisienne.
Un des meilleurs connaisseurs du dossier, le journaliste Jean-François Dupaquier pointe également les relais médiatiques de l’enfumage Barril (Afrikarabia, 19 mars) : « Il avait même rallié à sa cause un universitaire français, André Guichaoua, qui a couvert de son autorité le “témoignage” sur l’attentat écrit par un imposteur, le “lieutenant” Abdul Ruzibiza (Rwanda, l’histoire secrète, Ed. Panama, 2005). Et convaincu le polémiste Pierre Péan, aujourd’hui hagiographe de Jean-Marie Le Pen, d’écrire lui aussi un livre en ce sens (Noires fureurs, blancs menteurs, Ed. Fayard) ». Les deux font désormais profil bas. Parmi les propagandistes zélés de cette thèse, citons également Stephen Smith, qui officia à Libération jusqu’en 2000, puis au Monde jusqu’en 2004 et le journal Marianne qui a largement ouvert ses colonnes à une cohorte d’experts et spécialistes du Rwanda, qui tous ont relayé la manipulation Barril.
L’alibi fragile de Barril
Avec cette nouvelle étape judiciaire, la thèse de l’instruction Bruguière/Barril est invalidée définitivement. A contrario, le travail d’enquête des sucesseurs de Bruguière, les juges Nathalie Poux et Marc Trévidic, démontre implicitement la vaste manipulation mise en œuvre par Barril dont les différents domiciles ont été perquisitionnés récemment. Barril est désormais pris dans une nasse judiciaire au point qu’Agathe Habyarimana se désolidarise aujourd’hui du mercenaire alors à son service. A ce stade, on ne voit pas comment Paul Barril pourrait échapper à une mise en examen dans ce dossier d’autant qu’une question capitale reste à éclaircir : que faisait Paul Barril, le 6 avril 1994 au soir, jour de l’attentat ? Etait-il à New-York comme il le prétend ou au Rwanda où il a été aperçu la veille ? Et pourquoi était-il titulaire de deux passeports français ?
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Posté par rwandaise.com