A l’heure ou se déroule en ligne une petite controverse feutrée organisée par Oxford (plus précisément le réseau interdisciplinaire OTJR) sur le rôle des experts de l’ONU et des organisations comme HRW dans la prévention des conflits, il nous a semblé opportun d’apporter un exemple à couper le souffle.
Il faut remonter au 4 juin 2012. L’organisation politico-humanitaire HRW qui campe sur une ligne idéologique anti-rwandaise, publie ce jour là, sans aucune preuve vérifiable, l’accusation suivante:
« Les recrues, les armes et les munitions venant du Rwanda ont constitué un important soutien pour Ntaganda et ses forces, a déclaré Human Rights Watch. Ce soutien leur a permis de tenir leurs positions militaires sur les collines de Runyoni, Tshanzu et Mbuzi et dans les villages environnants contre les assauts militaires de l’armée congolaise. »
(ndlr le site de HRW renvoie vers la fameuse carte des territoires occupés par le M23 établie selon la technique dite du tactic mapping, c’est à dire une carte simplifiée à l’extrême et destinée à influencer l’opinion, voir l’explication ici).
Le 4 juin 2012, les experts de l’ONU au Congo n’ont pas encore sorti leur premier rapport. La guerre de l’information contre le Rwanda n’a été lancée que 6 jours auparavant par une fuite de la patronne de la Monusco à Goma reprise et trompettée par la BBC. En fait HRW travaillait depuis des semaines en coulisses à constituer un dossier à charge contre le Rwanda, sa « bête noire ». Et c’est cette thèse abracadabrante de HRW qui sert aujourd’hui de trame aux rapports des « experts » de l’ONU au Congo.
Donc dès le 4 juin HRW affirme ainsi que le village de Kinigi au Rwanda est le fief de Ntaganda, que Ntaganda est le chef du M23 que le Rwanda a envoyé 300 recrues dont des enfants pour grossir les rangs de la rébellion congolaise suivant un axe Kinigi-Runyoni (village du Congo). Peu importe que Ntaganda ait vécu à Goma pendant de longues périodes, côtoyant même l’élite onusienne et humanitaire sans jamais être inquiété, peu importe qu’il n’ait jamais fait partie du mouvement d’autodéfense M23, que l’histoire des enfants-soldats soit cousue de fil blanc, que ce soit le M23 justement (et pas les forces de l’ONU) qui ait combattu Ntanganda (alias Terminator) et l’ait « terminé » puis expulsé du Congo en deux temps trois mouvements, au point que Ntaganda n’a eu d’autre choix que de se rendre à la CPI avec l’aide des américains(voir ici). Il est étonnant que le groupe d’experts de l’ONU ait attendu le mois de novembre pour sortir une carte de style tactic mapping, illustrant ce que HRW lui avait soufflé en juin. Et quelle carte!…
Un copier-coller de Google Earth (reproduit ci-dessous) pour indiquer à qui veut le croire qu’un chemin dans la jungle mène de Kinigi au Rwanda à Runyoni au Congo. Quel scoop et quelle coïncidence. Le problème est tout cela ne fait pas très sérieux une fois de plus et soulève de nombreuses questions. Pourquoi un tel amateurisme alors que des dizaines de satellites ultra-sophistiqués balayent l’Afrique en permanence? Même George Clooney a le sien pour voir des détails au Soudan par exemple (ici) Pourquoi le rapport ne comporte-t-il aucun relevé de terrain? Pourquoi les experts se sont-ils contentés de travaux en chambre, cessant toute investigations sur le terrain dès le mois de septembre 2012, etc. Sans parler des erreurs, desaccusations biaisées, des contre-vérités factuelles.
Le débat d’Oxford se déroule sur un mode académique à fleurets mouchetés avec thèse, antithèse et synthèse policée. Loin des joutes de salon, on parle ici des faits, accablants pour les accusateurs.
Le spin Doctor Jason Stearns (l’homme qui compare les viols de l’armée congolaiseaux cérémonies de bizutage à Yale) ose écrire :
the Group’s general findings of Rwandan support to the M23 last year ––a small part of two reports spanning over 200 pages––have been confirmed by many other sources, including Human Rights Watch and the International Crisis Group, my own research for the Rift Valley Institute, international journalists, and various reputable Congolese non-profit groups.
Les conclusions du Groupe d’experts ont été confirmées, écrit-il, par beaucoup d’autres sources, incluant HRW et l’International Crisis Group, les recherches du Rift Valley, des journalistes internationaux etc. Oui, HRW a passé ses dossiers à charge aux experts de l’ONU qui sont issus du même sérail d’ONG, International Crisis Group étant une autre composante de ce même réseau et les journalistes ont pour la plupart (à 2 ou 3 exceptions près dont celle du Time) recopiés goulument les fuites des rapports de l’ONU. Bref du grand n’importe quoi comme le soulignait récemmentJendayi Frazer ex-secrétaire d’État-adjointe US aux affaires africaines.
Le problème est que toutes ces élucubrations ont coûté la suspension de 200 millions de $ d’aides internationales au Rwanda, soit plus de 10% de son budget, comme le souligne avec une délectation perverse Jason Stearns lui même ancien coordinateur des experts de l’ONU au Congo.
Voici les photos publiées dans le dernier rapport des experts de l’ONU en novembre dernier: des copier-coller de Google earth!!!
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Analyse NanoJV
http://nanojv.wordpress.com/2013/04/17/goe-google-earth/
Posté par rwandaises.com