Publié par Burkina 24
Kagamé sur les traces de Sankara
Depuis cet épisode, les relations entre le Rwanda et ces pays qui jadis en avaient fait leur champion, sont au plus mal ; loin d’obtenir une reddition des autorités de Kigali, c’est plutôt une radicalisation du discours que l’on constate.
De nombreux observateurs sont depuis surpris de retrouver du Sankara dans les dires et les actes de Paul Kagamé qui il faut le dire s’est longtemps présenté comme un chef d’Etat assez indépendant dans ses rapports avec l’extérieur.
L’aide qui nous aide à nous passer de l’aide
Comme réponse le président Kagamé lance le fond Agaciro (dignité) qui a mobilisé en un mois 30 millions de dollars. Ce fond endogène est ouvert à tous les citoyens et aux amis du Rwanda.
L’on retrouve ici un thème cher au président Thomas Sankara qui en avait fait un axe central de sa politique de développement : la dignité, dans la droite ligne de cette déclaration faite le 29 Juillet 1987 à Addis Abeba « nous devons accepter de vivre africains, c’est la seule manière de vivre libre et de vivre digne ».
Il est bien clair que Paul Kagamé entame une démarche afro-africaine sur cette question car désormais pour lui, il faut se demander si « ceux qui nous aident veulent-ils notre bien. Ils nous aident en échange de notre dépendance et de notre gratitude, dans le but de nous contrôler et de nous maintenir dans une posture d’éternels mendiants. »
L’injustice ne nous rendra pas plus dociles, elle nous rendra plus rebelles.
Reprenant la rhétorique de Sankara qui a longtemps dénoncé cette attitude des pays développés à aider les pays moins avancés à l’effet de les maintenir dans cette posture d’éternels assistés ; le président Kagamé pointe du doigt cette justice internationale à deux vitesses.
il soutient à cet effet que « De la justice internationale, nous Africains ne connaissons que le bâton. Jamais la carotte. Un bâton politique utilisé pour nous contraindre à suivre une voie choisie par d’autres. Autre moyen du même type : le chantage à l’aide. Il n’y a pas de pays au monde plus fiable et transparent que le Rwanda quant à l’utilisation de l’aide. Mais ceux qui nous aident veulent-ils notre bien ? Ils nous aident en échange de notre dépendance et de notre gratitude, dans le but de nous contrôler et de nous maintenir dans une posture d’éternels mendiants. À ceux qui répètent : « Gelez, suspendez toute aide au Rwanda », je réponds ceci : l’injustice ne nous rendra pas plus dociles, elle nous rendra plus rebelles. Être rebelle, je sais ce que c’est, comptez sur moi. Je parle pour nous Rwandais, mais aussi pour tous les Africains qui n’osent pas s’exprimer. Si je me trompe, si vous n’êtes pas d’accord, dites-moi de démissionner et, croyez-moi, je partirai aussitôt. Mais sachez que même après moi, ce pays aura besoin de quelqu’un qui me ressemble. Cela devra même être la condition pour me succéder : continuer le combat pour défendre notre bien le plus précieux, la dignité. »
A suivre…
Youssouf Bâ
Posté par rwandaises.com