La Tanzanie, principal acteur dans la SADC (Southern Africa Development Community) mais aussi un membre politiquement passif de la Communauté de l’Afrique de l’Est, vient d’accueillir ce 29 août dernier le Colonel Wilson Irategeka, un grand commandant et Secrétaire Exécutif des Fdlr (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) basées et opérant dans l’Est de la RDC.

Les journaux en ligne News of Rwanda et un autre site indepthAfrica.com qui l’ont suivi dans son voyage retracent son itinéraire Uvira (Sud Est RDC)-Port de Kigoma (Tanzanie) puis un avion affrété pour lui le prend pour Dar-Es-Salaam où il séjourne dans la résidence d’un controversé politicien Rev. Christophe Mtikila.

Cette visite survient au moment où la Monusco (Mission onusienne de stabilisation de la RDC) se plaint du long délai de six mois imparti aux FDLR jusqu’en Janvier prochain pour avoir désarmé et rentré au bercail rwandais. La Monusco rapporte que cette décision malencontreuse pour elle a été prise par la SADC (Southern Africa Development Community) conjointement avec la ICGLR (Conférence Internationale sur la Sécurité dans les Pays des grands Lacs).

Malencontreuse parce que la Monusco ne veut pas faire deux poids deux mesures dans le traitement des mouvements armés opérant dans l’Est de la RDC. Elle veut combattre les FDLR autant qu’elle a combattu les M23 (Mutins du Mouvement du 23 mars) qui avaient été jugés soutenus par le Rwanda.

La visite de ce commandant des Fdlr en Tanzanie montre que les négations du Président tanzanien Jakaya Kikwete à propos d’un complot contre l’actuel gouvernement rwandais sont nulles et non avenues.

Les deux journaux rappellent qu’ “en janvier dernier deux voyages politiques secrets des dissidents et opposants rwandais ont convergé vers Dar Es Salaam. Il s’agissait du voyage de l’ex-Premier ministre rwandais Faustin Twagiramungu du parti d’opposition RDI Rwanda Rwiza qui s’est targué publiquement en pleine séance de conférence de son parti à Lyon en France, de déclarer qu’il avait fait un voyage de la trx138s haute importance à Dar Es Salaam ».

Peu après lui, la même Tanzanie est devenue une plaque tournante des opposants rwandais. La colère de Kigali ne s’est pas faite attendre quand Dar Es Salaam a accueilli sur son sol à plusieurs reprises les hauts commandants des Fdlr au moment où le contingent tanzanien de la FIN (Force Internationale neutre) près la MONUSCO opérait dans l’Est de la RDC contre les M23.

Certaines informations faisaient étant d’une franche collaboration et de forces combinées des FIN et des Fdlr pour combattre les rebelles du M23. C’est avec cette double dimension des Fdlr en tant qu’alliés temporels du contingent tanzanien de la FIN et en tant que force principale de l’opposition politique rwandaise, la seule aux yeux des grandes puissances belgo françaises, capable de secouer le régime de Kigali, que la Tanzanie a dû et pu facilement influencer les pays membres de la SADC afin d’être les superviseurs principaux du désarmement des éléments consentants de ces Fdlr.

Comme un poisson qui nage à contre courant, ces Fdlr qui ont du mal à faire entendre leur position de dialogue et négociations avec le Rwanda, peuvent dorénavant avoir un porte-voix de taille pour renforcer cette idée de négociation qui est la petite puissance régionale tanzanienne forte de l’appui français, onusien et romano papal avec Sant’Egidio interposé.

Au fond, les 1500 éléments des Fdlr encore actifs dans l’Est de la RDC bénéficient d’un soutien de taille tanzanien. « Tant que nous n’aurons pas éradiqué le phénomène des Fdlr, la question de la paix et de la sécutité dans la région des Grands Lacs sera toujours hypothéquée », a déclaré à la presse Amb. Said Djinnit, le nouveau Représentant special du Secrétaire Général des Nations Unies à la sortie de l’entretien avec le Président Paul Kagame ce Jeudi 5 septembre 14.

Comme si elle voulait lui montrer que cette entreprise de la paix est minée par les pays de la région, Louise Mushikiwabo préfère être directe à propos de ces Fdlr qui donne des maux de tête à la Communauté internationale :

« “Les FDLR ne sont pas un groupe armé très fort qui demanderait pour l’éradiquer des forces surhumaines. Par contre, il s’observe une faible volonté politique pour cela, essentiellement chez certains de nos voisins. Nous nous sommes entendu aque la priorité est le rétablissement de la paix dans la région. Les pourparlers sur les FDLR sont terminés. Le Rwanda ne devra pas continuer à accueillir des forums sur la question », a déclaré Mushikiwabo qui accompagnait le Représentant Spécial à l’audience chez le président Paul Kagame.

Recevant toutes les sympathies des FARDC (Armées congolaises) et de l’Establishment congolais autant que celles de Jakaya Kikwete et de la Tanzanie, principal pivot de la SADC et de ICGLR, les Fdlr ont habilement su contourner l’ultimatum de la Monusco qui devait les combattre autant qu’elle l’a fait pour les M23 congolais.

Ce sursis leur permettra-t-il de continuer d’engranger des revenus évalués à 70 millions de dollars par an venant des concessions minières, de la coupe de bois du Parc des Virunga mais aussi de la levée des taxes illégales sur de gros espaces des provinces du Kivu.

http://fr.igihe.com/politique/geopolitique/la-tanzanie-recoit-les-commandants-fdlr-et.html
Posté par rwandases.com